LA SCULPTURE 35 le métier rodinesque d’il y a quinze ans, par l’ampleur et la massivité des modelés. Un second disciple de Rodin triomphe en ce Salon par sa profonde et magnifique personnalité. Voilà des années que M. Lucien Schnegg travaillait auprès de notre Michel-Ange français sans s’endormir à l’ombre du mance-nillier; par modestie, par insouciance hautaine, il se tenait à l’écart. Ses six envois de 1906 sont une révélation, sinon pour ses confrères, du moins pour le grand public. Sa Vénus est un morceau incomparablement pur et majestueux. Les modelés en sont d’une extraordinaire simplicité. Quand on sait, comme M. Schnegg, son métier à fond, on peut se permettre des simplifications. Voilà une synthèse qui présuppose de laborieuses analyses antérieures. Admirez la répartition des ombres et des lumières sur le beau torse aux seins lourds, aux bras ronds, et sur le visage mélancolique-ment penché. Et le buste aux yeux de flamme d’un chemineau, et la statuette d’enfant ne sont pas d’un moindre mérite. La Vénus de M. Schnegg, comme celle de M. Maillol, noblement hiératique, donne l’idée de la sérénité auguste, de la plénitude de la chair, parce qu’elle donne l’idée de la vie, qu’elle est la vie même. Il ne serait pas inutile que M. Halou contemplât l’ceuvre de son confrère ; sa Condamnée forme avec la Vénus un inté-ressant contraste ; loin de moi la pensée de nier les qualités de dessin probe et serré de cette Condamnée; mais, au lieu de réduire, l’auteur détaille, je n’ose écrire qu’il bavarde. Ses figurines sont bien plus vibrantes et nerveuses. L’autorité de M. Bartholomé s’affirme en sa Nymphe se coiffant et en son exquis buste en marbre de Madame H. qui rehaussent de leur présence la salle Dubufe. La Nymphe se coiffant est un morceau exquis. M. Bartholomé, poète de la mort et de la douleur, est aussi le poète de la chasteté. L’émoi virginal, les pudeurs de l’adolescente surprise à sa toilette, la sortie du bain, les pleurs et les rêves, tout ce monde de senti-