HISTOIRE, ALLÉGORIES ET SYMBOLES 25 exécution. C’est une fort belle page, qui séduit et fait penser. Malgré que les fantaisies ingénieuses de M. Gaston La Touche ne soient rien moins qu’allégoriques, le séduisant analyste des flirts s’étant, cette année, mis au rang des décorateurs, ne sau-rait se plaindre d’être étudié, non point avec les intimistes, mais avec les fresquistes. M. Gaston La Touche, d’un seul coup de sa baguette magique, sait transporter spectateurs et spectatrices dans le monde des féeries voluptueuses, en ces îles irréelles où les poètes vivent leur rêve, insoucieux de l’heure. Gaston La Touche a été le peintre des alcôves embaumées et chaudes des boudoirs où les amants s’étreignent désespérément à l’heure des adieux. Oncques ne risqua-t-on scènes plus osées, pochades plus libertines. Il était à craindre — ou à souhaiter — qu’en passant du tableau de chevalet à la composition murale, M. La Touche ne se métamorphosât pas en puritain. La Fête de Nuit est destinée au Salon diplomatique du Palais de l’Élysée. Elle est d’un éclat uniformément verdâtre et orangé. Une gondole, que des lampions illuminent et que des nautonniers, faunes râblés, mènent lentement à Cythère, glisse sur les ondes bruissantes, entraînant un couple éperdu d’extase. C’est ensuite le Voyage de noces. Dans la berline pourpre, sous les ramures d’automne, les jeunes mariés se grisent de baisers. Le Bain, enfin : une nymphe, surprise sans chemise par un faune indiscret, ne se formalise guère. Tout cela est élégant, amusant au possible, un tantinet superficiel. MM. Prouvé et Agache, l’un avec d’aimables décorations nan-céennes, l’autre avec sa jeune femme hautaine et correctement des-sinée, appuyée sur une symbolique mappemonde, sont encore d’in-téressants allégoristes. M. Friant a continué avec succès la décoration de la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Pour bien comprendre ses deux panneaux, il eût fallu les voir plafonner en place. Les rac-courcis de l’homme arc-bouté, raidi, luttant contre le dragon qu’il poignarde dans une lumière rose et jaune, se concevraient mieux au sommet d’une salle que plaqués au long d’un mur. On peut