HISTOIRE, ALLÉGORIES ET SYMBOLES z3 soleil couchant, qui virent passer le vaisseau errant d’Ulysse et s’étreindre faunesses et œgypans. On s’accorda généralement à pré-férer au Golfe, dont la mer est un peu plate et les collines maigre-lettes, le Temple et ses beaux nuages d’argent chaud. Avec M . Auburtin , nous ne quittons pas encore l’Hellade. Bien que l’Orphée, exhalant sa plainte en sanglots harmonieux qui charment les tigres descendus des grands bois pour ouïr les accents de sa lyre, n’ait point, chez M. Auburtin, la sérénité que Virgile et Glück donnèrent au divin chantre, je n’aurais garde de mécon-naître la poésie suave, la largeur du sentiment décoratif qui réside dans la fresque monumentale de M. Auburtin. Plus de réminiscences obsédantes de Puvis de Chavannes : une composition bellement balancée ; la venue majestueuse des fauves, la douleur éperdue d’Orphée, la paix de la nature qui semble se taire, sont d’un haut et rare artiste. Ce vieux mythe, suranné à force d’avoir été exploité, M. Auburtin, en le rajeunissant, lui a rendu un intérêt nouveau. Quel dommage qu’à ses dons de dessinateur et de con-structeur ne se joigne pas le prestige d’un coloris plus nerveux, plus fougueux ! M . Maurice Denis est un giottesque à qui ne manque point non plus le sentiment de l’antiquité. Naïveté exquise et douce : ces mots conviennent à son Heureux Verger, à Calypso et Nausicaa. En des paysages rougeâtres (Calypso), avec le ciel d’opale ou de violettes, parmi les champs d’asphodèles, des hommes et des femmes nus rêvent, chantent, vivent ; de belles filles se dévêtent, le soleil méridional dore leur peau moite ; d’autres s’avancent, en longues chemises dont les plis tombent droit ; Ulysse apparaît à la blonde Nausicaa ; ses joueuses compagnes s’effarent ; seule, la fille du roi des Phéaciens marche à la rencontre de l’artificieux étranger. Voici ensuite l’Heureux Verger : une belle nourrice allaite le petit qui rit et la caresse ; une femme nue et chaste dort ; les enfants croquent des pommes. Cet art de Maurice Denis prône le retour à la vie naturelle, aux