4 LES SALONS DE 1906 Gargantua, Caron pour saint Pierre, un satyre pour un démon et l’Arche de Noé pour le coche d’Auxerre. » Peu à peu le nombre, sinon des peintres, du moins des expo-sants, augmente sensiblement. Le Salon Carré ne suffit plus. Le « Salon » empiète sur la galerie d’Apollon, envahit l’escalier, des-cend dans les cours. Viennent l’Empire, la Restauration, la bataille des romantiques et des classiques, la victoire de Delacroix. En 18:48, le Jury étant supprimé, 5,18o toiles sont exposées ! Les exposants, cohorte formidable, émigrent aux Tuileries en 1849, au Palais-Royal en 1852, dans une salle de banquet du faubourg Poisson-nière en 1853, enfin aux Champs-Élysées en 1855, lors de l’Ex-position Universelle dans une annexe du Palais de l’Industrie. En 1889 enfin, le grand schisme ! Meissonier se révèle — ô stupeur ! — révolutionnaire, et fonde, à côté du Salon officiel, —contre le Salon officiel ! — une société nouvelle : la Nationale. Je ne rappellerai pas les conflits épiques qui marquèrent l’an-tagonisme de ces deux maisons, aujourd’hui réconciliées. Autour de Meissonier se groupèrent Chavannes, Rodin, Dalou, Carolus-Duran, Carrière, Cazin, Bernard, Roll, Raffaëlli, Dagnan-Bouveret, Lepère, Bracquemond, d’autres, toute une ardente jeunesse. Des étrangers, tels Whistler et Meunier, vinrent à la rescousse. La « Maison mère » résista ; les tempéraments plus rassis, les esprits pondérés, les créateurs sages, — trop sages parfois — lui demeurèrent fidèles. Hébert, Henner, , Harpignies, Jules Breton, Bouguereau, y servirent d’état-major à M. Robert-Fleury. Et nous voici — après ce rapide mais utile historique, — par-venus au seuil de l’an 1906. Que nous offrent-ils ces deux Salons, la Nationale et les Artistes français, que le bon public s’obstine à dénommer Champ-de-Mars et Champs-Élysées? Et tout d’abord s’impose une remarque, je n’ose dire affli-geante. Les terribles révolutionnaires de 1889, à la Société Natio-nale, se sont singulièrement apaisés. Rien ne heurte plus l’ama-