LA PEINTURE donnée, sont identiques, l’agrément assez fin, mais uniforme et sourd. C’est une chose trop sue. Besson a deux manières : l’une simple, cordiale, émouvante, celle des Bouquetières ; l’autre plus ambitieuse, savante et non sans artifice, qui rappelle son maître Gustave Moreau. Dans une toile trop compliquée, il confronte le gothique et la Renaissance, les saintes naïvetés du xve siècle et le paganisme épanoui du xvie. Il y a de la grâce et de la joie, une opulence de couleur dans cette oeuvre d’intentions obscures. Pour que nous goûtions une oeuvre, il importe que l’artiste sache ce qu’il veut dire. Et je me demande ce qu’a voulu exprimer Wéry dans cette grande toile trop vide : Vers la vallée. La couleur est riche et plaisante, bien que les fonds et le ciel soient d’une tonalité équivoque ; l’intérêt de cette toile m’échappe. Je ne saisis pas non plus le sens d’une oeuvre qu’Edgard Maxence appelle Vers l’idéal. Facture lisse et lourde, expressions figées, hiératisme conventionnel ; j’entrevois des intentions subtiles et ne trouve pas le mot de l’énigme. Autre maniérisme contourné, celui de M. Ridel. La grâce allongée de ses figures et le ragoût assez fin de la couleur ne compensent pas les insuffisances de la forme et l’indifférence trop affichée pour la vérité de la nature. Toute création conforme aux lois naturelles porte en elle son charme et son éloquence. En dehors de cette voie, il n’y a que recherche puérile de l’effet et fadaises tourmentées. Celui qui croit savoir ne sait pas ; cette prétendue certitude est justement ce qu’on appelle pédantisme et suffisance. Le Coin de table de Paul Chabas est d’une adresse consommée. Facture brillante et limpide, gestes pleins de naturel, physionomies parlantes, c’est d’une vérité tout à fait aimable, mais un peu en sur-face. La Venise au Rialto de Duvent est une oeuvre sage, bien conduite et finement observée. Les ouvrières qui passent au premier plan dra-pant leur gentillesse dans leurs manteaux noirs, ont bien les minois éveillés, les yeux fins et jaseurs des filles de Venise, au parler zézayant. L’oeuvre se compose bien avec les notes sombres qui lui donnent de l’assiette, et la montée des façades brunes et roses