LA PEINTURE 3 au corps ambré, aux cheveux noirs, charme des jeunes filles qui écoutent résonner sa lyre, c’est l’ Apollino de G. Courtois, un petit Apollon modernisé dans une mythologie aimable. L’Anglais Conder mêle aussi doucement au fin sentiment qu’il a de la nature, une rêverie musicale qui fait songer à Watteau. La Fontaine, la Promenade, sont d’exquises pastorales, où flotte un léger parfum des bergerades d’antan. Ch. Guérin n’est point du tout indifférent. Dans sa manière un peu heurtée, il a le sens du décor et de la couleur. Au Parc est une oeuvre vigoureuse et pleine de talent. On voudrait que le charme se dégageât plus victorieusement d’une matière un peu lourde dont l’artiste n’est pas absolument maître. Jules Flandrin, lui aussi, paraît bien avoir quelque chose d’intéressant à nous dire, mais son art présente un bizarre mélange de hardiesses et de timidités, de largeur et de minutie. La Mascarade, la Vierge et l’Enfant contiennent des parties excellentes et déconcertent par une certaine affectation de naïveté. Le peintre australien Rupert Bunny expose une très harmonieuse toile, Après le Bain, où le souvenir des décorateurs vénitiens laisse percer un sentiment très personnel de la couleur. Dans les Baigneuses du Belge Houyoux, le corps d’une femme blonde est un des meilleurs nus du Salon. L’apport de Caro-Delvaille est des plus intéressants cette année. Des deux tableaux qu’il expose, aucun n’est sans défaut et le jeune artiste a pu satisfaire plus complètement. Mais on y sent l’ambition d’agrandir son esprit, et l’effort conscient d’amplifier et de subtiliser sa vision, et c’est ce qui importe. Il n’y a pas d’ceuvres définitives, il y a des pas en avant sur une route indéfinie. C’est d’abord l’Été, un nu puissant et savoureux, d’une sensualité forte et saine. Le torse de cette femme est une très belle chose ; la pulpe nacrée de la chair, et la plé-nitude des formes s’y expriment avec un rare bonheur : le fond discrè-tement riche et sombre l’accompagne très bien. A peine une légère insistance dépare-t-elle la chaude sérénité de l’ensemble. Mais la tête, pour la forme comme pour l’expression, n’est pas celle de ce corps