LA PEINTURE 65 enfin comme sobriété de couleur, c’est peut-être le meilleur morceau qui soit jamais sorti du pinceau de M. Ferrier. On ne regardera guère moins les portraits de Madame Hartog et du Président Roosevelt, par M. Chartran. Il est certain que le premier, dans son harmonie blanche, est plus séduisant que le second, avec quelque soin que celui-ci soit peint. Mais justement la question est là. M. Roosevelt n’est-il pas, à ce qu’on nous a dit, un type d’énergie extrême, alors que nous voyons ici un correct et agréable gentleman dont cet aspect est pour nous un peu inattendu ? Madame Juana Romani a fait des progrès constants. Nous ne nous souvenons pas d’avoir vu d’elle des morceaux plus réussis, comme couleur et dessin, que ce portrait de Madame la duchesse de Palmella et celui, de rouge drapé, de la gracieuse Mademoiselle Emmanuela de Luynes. M. Roybet expose un portrait féminin, et aussi un portrait du Comte Potocki, d’une sobriété et d’une sévérité qui font regarder à deux fois avant d’être bien certain du nom de l’auteur. Parmi les tentatives très importantes, on aura à signaler les deux très grandes toiles de M. Laszlo, Portraits de la famille du duc de Grammont. Sans doute l’effort du peintre hongrois est considérable, et l’on ne trouve rien à reprocher matériellement à ces deux grandes toiles. Mais il semble qu’il y ait dans l’ensemble quelque gêne et froideur, résultant de la résolution de trop bien faire. Il me semble que l’art de M. Laszlo comporte ordinairement plus de fougue, plus de verve. Dans un des tableaux, certaine robe rouge n’est pas des plus élégantes, j’entends comme choix de couleur. Et, à tout prendre, le principal défaut de ces deux honorables et importantes peintures est de n’être ni tout à fait hongroises, ni tout à fait françaises. Au contraire, ce qui nous séduit extrêmement dans les portraits de M. Lorimer, et surtout dans le portrait de dame âgée, avec la robe noire, le petit bonnet, l’apron, et les parures d’argent, qui sont si caractéristiques, c’est leur saveur franchement de race et de société déterminées. Ce portrait féminin est peint avec beaucoup de netteté, mais sans mièvrerie. Son aspect un peu lisse, un peu ingresque pour