LA PEINTURE 53 passé. C’est ainsi que beaucoup de personnes ont interprété le tableau. Mais, comme le titre lui-même prête à quelque ambiguïté, peut-être faut-il voir tout simplement dans cette scène scandinave, décrite par un peintre d’un très grand et très noble talent, une déclaration d’amour… De toute façon, le monsieur ne laisse pas éteindre sa ciga-rette. C’est la seule certitude que nous laisse le tableau. Comme tableaux de moeurs encore remarquables, nous avons les suivants à vous signaler. L’Intérieur en Écosse, de M. Hutchison, avec la mère penchée sur ses trois ou quatre babies couchés dans le même berceau, tableau des plus délicats comme éclairage et de la meilleure facture. Les Petites Marionnettes et les Couturières pari-siennes de M. Chayllery, le second surtout, excellent tableautin gai, vif de couleur, personnel au possible, et qui s’ajoute à tant d’autres oeuvres modestes et réussies de ce gentil peintre. Les petits tableaux d’enfants de M. Degrave, toujours d’un accent si original. La petite scène provençale de M. Guillonnet et sa messe bretonne. Les Ama-teurs; — Promenoir supérieur aux Concerts Lamoureux, très grand et très curieux tableau de M. Gumery, qui, à côté de qualités d’obser-vation d’une véritable intelligence, a des discordances de couleur très difficiles à supporter et qui viennent de ce que l’artiste a voulu se mesurer avec un effet d’éclairage extrêmement complexe, réel sans doute, mais difficile à rendre dans son ensemble sur une même toile, surtout quand on veut le rendre sans sacrifices. Les Braves Gens de M. Armand Lejeune, deux bons vieux types, étudiés et rendus honnêtement. Les deux scènes de M. Sorolla y Bastida, la Fabri-cation des raisins secs, petite peinture d’une étourdissante habileté, et la scène dans une barque, Après le bain, habile aussi, mais un peu vide. Les Ciseleuses de raisins, peinture consciencieuse et sage de M. Frank Bail, avec un côté de nature morte rendu très savamment. Les deux fort jolies petites toiles de M. Souza.Pinto, les Blanchisseuses et le Soir, toutes deux très délicates. Est-ce un tableau d’imagination ou de réalité que celui de Cavalieri, un Tourbillon, qui représente une procession de blanches jeunes 16