LA PEINTURE 51 ouvrage attend sur son éternel banc. Certes, rien n’est plus triste que certaines misères, mais rien n’est plus déclamatoire que certaines façons de les raconter. Et l’on s’étonne qu’un artiste de la valeur de M. Adler ait consacré, à retracer une scène aussi connue, autant de talent en un aussi grand tableau. Son Banc ne dit rien de nouveau depuis les nombreux Bancs que nous ont signalés M. Besson et bien d’autres à sa suite. Son Nocturne, qui est l’étude d’un vieux vagabond, encore que plus serré, n’est guère plus original. M. Adler peut et doit mieux faire que cela. On ne saurait, je pense, imaginer contraste plus complet qu’entre ces études prolétariennes et les études d’élégance que nous offrent certains artistes. C’est même un contraste assez banal. Quelques peintres l’ont traité en tableaux à « pendants », par exemple les deux figures de M. Duez, qui firent naguère tant de tapage. Mais enfin, prenons ce contraste comme il se présente et regardons-le avec les yeux de notre promeneur du dimanche, que nous avons envié au début de cette promenade. Dans cet ordre de peinture gracieuse, élégante, mondaine, il est peu de tableaux plus réussis cette année que le Bal blanc, de M. Avy. Il rappelle un peu, comme invention, celui celui de M. Prinet, que l’on ne peut avoir oublié, mais il est si joliment exécuté, d’une couleur à la fois si gaie et si délicate, il renferme en un mot de si aimables qualités, que l’on ne songe pas à lui faire un reproche de cette similitude,— d’ailleurs c’est un thème assez attrayant pour solliciter plus d’un artiste, — et que nous ne le chicanerons même pas sur son format, un peu grand pour un tableau de genre. Ce reproche, que nous ne pouvons pas faire à M. Avy, nous l’adres-serons du moins à M. Etcheverry, de qui le tableau intitulé Vertige est tout à fait démesuré pour une anecdote. Que dans une soirée un monsieur se penche vers une dame qui, autre Galathée, ne fuit pas vers les saules, mais vers un petit salon moins éclairé, et que ce monsieur et cette dame soient pris du vertige d’ailleurs le plus con-venable, c’est ce qui arrive, on pourrait dire tous les soirs, dans la saison des bals. Cela vaut-il la peine de consacrer une grande toile à