LA PEINTURE 49 façon de rendre la Hollande très différente de celle qui a rendu illustre M. Israèls. Mais il n’y a pas à dire, lorsqu’on se promène dans ces curieux pays qui s’appellent Edam, Volendam, Pile de Marken, les choses et les gens ont très bien cet aspect de joujous; on s’amuse à en regarder le détail, on en goûte, comme dans la peinture de M. Nico Jungmann , la délicieuse puérilité, la fantaisie comme découpée à l’emporte-pièce. Cette Hollande, rendue sincèrement par un Hollandais, a plus de curiosité, et, disons-le franchement, plus de vérité que celle des meil-leurs de nos artistes qui vont la peindre avec des préoccupations d’atelier. Par exemple, il est difficile d’apporter plus de talent et plus de sens d’une chaude harmonie que M. Wéry à cette vue d’un canal près duquel jouent des gamins néerlandais. Mais je sens trop l’accent français et aussi le goût de peinture des Salons, le désir inconscient, je le veux bien, de faire un tableau apprécié ici, pour que cette toile des Petits soit pour moi vraiment hollandaise. De toute façon, c’est un bon tableau et qui se rapproche plus de la Hollande vraie que les Ménagères et que l’étude, rapportées par M. Camoreyt. Il n’a vu qu’un ton de vert assez curieux, le vert de Zaandam, et des effets de reflets dans l’eau. Mais cela est rendu assez lourdement ; de plus, les couleurs s’enveloppent bien plus harmonieusement dans ce pays ; ou bien, quand elles sont avivées, elles prennent un accent bien plus aigu ; quoi qu’il en soit, c’est encore un effort assez louable. Mais que de tableaux hollandais, mon Dieu, qui ne sont pas si hollandais qu’ils en ont l’air ! Décidément la Hollande et la Bretagne sont les seuls pays dont les peintres de ce temps semblent avoir entendu parler. Je citerai encore, parmi les meilleurs, le Cabaret hol-landais et l’Intérieur hollandais, par M. Max Silbert, le Soir en Hollande, près d’Amsterdam, de M. Benoît-Lévy ; mais il y en a bien d’autres encore. Pour la Bretagne, il n’y a que l’embarras du choix ; toutefois peut-être ne trouverez-vous pas dans l’assortiment une seule scène ou un seul paysage d’un aspect bien nouveau. Nous nous contenterons donc