48 LES SALONS DE 19o3 Plus solide et le plus magistral de tout le Salon. M. Struys a repré-senté un ecclésiastique rendant visite à une sorte de vieille paysanne, la célèbre dentellière. Avec sa pauvre robe, son tablier bleu, son visage ridé, cette artiste parait bien modeste et bien humble. Pourtant on voit qu’elle ne reçoit pas sans satisfaction les éloges connaisseurs de son visiteur, penché attentivement sur le tambour ou s’enchevêtrent les fils et pendent les bobines. Par la fenêtre ouverte de la pauvre chambre, on aperçoit le magnifique clocher, la tour immense et ouvragée de la cathédrale de cette curieuse petite cité de Malines, et un bout de rue avec des toits rouges, le tout bien éclairé par un gai soleil. Le beau tableau que celui-là! C’est certainement une chose de prix, et c’est une peinture qui se rattache directement aux belles traditions de la peinture flamande. Peut-être les devanciers de M. Struys l’eussent-ils exécutée dans un format un peu moins grand. Mais encore ce format n’a-t-il pas l’exagération dans laquelle tombent aujourd’hui tant de peintres de moeurs, qui prennent des toiles de six mètres de long pour vous conter l’épisode le plus banal de la vie des terrassiers ou des plan-teurs de choux. De toute façon, l’exécution du tableau de M. Struys est si soignée et si plantureuse à la fois que toute critique rela-tive au format cesse d’être justifiée, du moment que ce format est si bien rempli que nous sommes peut-être en présence d’un chef-d’oeuvre. J’ignore si les étrangers trouvent à nos peintures de moeurs autant d’accent et de saveur que nous en trouvons de notre côté aux leurs, comme pour ce tableau de M. Struys. Mais certainement, il est des choses racontées par eux qui tranchent sur la moyenne des expositions d’une manière impossible à passer sous silence. C’est ainsi, par exemple, qu’il n’est rien de plus curieux ni de plus amusant que le tableau de M. Nico Jungrnann, Procession des Pèlerins hollandais de Kevelaar, à Volendam, long panneau aux multiples figures, exécutées avec un soin ingénu de primitif et un bariolage de couleurs tout à fait réjouissant. C’est évidemment une D T