44 LES SALONS DE 1903 la raison que Pascal donnait contre elles qui plaide en leur faveur. Que dirait, en effet, Pascal, et que diraient tous les gens de son temps, s’ils parcouraient tus de nos Salons actuels ? En vérité, ils n’y comprendraient absolument rien ! Ils s’expliqueraient bien difficilement le goût de notre époque, si totalement différent du goût de la leur. Ils s’intéressaient fort peu aux menus épisodes de la vie des gens de la campagne, des ouvriers, de ce qu’on a appelé de notre temps les humbles. Et, aujourd’hui, il faut que nous nous y intéressions prodigieusement, puisque ce sont peut-être ces sortes (le sujets qui se trouvent retracés dans nos expo-sitions avec le plus d’abondance. Faisons-nous réellement une aussi grande consommation d’intérieurs de chaumières et de scènes de la vie bretonne ? Ou bien sont-ce les peintres qui veulent nous per-suader que rien n’est plus digne de notre attention parce que c’est cela qu’ils ont le plus facilement à leur portée ? Toujours est-il que les peintures de moeurs et les tableaux rustiques sont en pro-portion chaque année plus considérable, et qu’au contraire les sujets héroïques, les sujets nobles, qui jadis faisaient le principal des expo-sitions, s’y restreignent à un très petit nombre de spécimens, ainsi que nous le verrons par la simple revue que nous allons passer des uns et des autres. Pour faire plaisir à la fois à Pascal et aux peintres, nous aurons du moins la ressource de commencer, parmi les peintures de moeurs, par celles qui se rattachent à la vie religieuse. Le Salon en offre quelques-unes, et elles se trouvent être, en général, assez remarquables. La plus remarquée sera certainement celle de M. Joseph Bail, le Bénédicité des Hospitalières de Beaune. Le bel endroit que cet hospice de Beaune ! Comme la vie du Moyen âge s’y est mer-veilleusement conservée, dans son cadre intact, comme par une faveur spéciale ! On croirait, en parcourant ses salles, ses cloîtres, ses cours, se promener dans d’immenses enluminures, dans des miniatures de Fouquet en action. Il y règne une vie claire et