LES SALONS DE 1903 ses explications de quelques rapprochements utiles avec les évé-nements contemporains. Les paysages l’intéressent surtout lorsqu’il connaît une contrée semblable à celle qu’ils retracent, et, s’il a la bonne fortune de reconnaître précisément le site représenté, le peintre prend une excellente place dans son estime, et son nom, fût-il obscur, sera du moins logé dans une mémoire de bonne volonté. En revanche, les effets rapides et subtils, les délicates analyses d’atmosphère et de lumière, n’étant pas le sujet habituel de ses préoccupations lorsqu’il se promène à travers la campagne, le séduisent peu. Pour lui, l’herbe est verte, la terre est brune, le ciel est bleu, — et le reste est un peu spécial. Le nu, d’autre part, n’a pas sa principale attention, sauf dans quelques cas déterminés, et souvent il en demeure vague-ment choqué ou légèrement troublé. Mais quels sujets d’obser-vation et quels amusements lui procurent les portraits ! Ceux des personnes célèbres ou des hommes politiques sont examinés par lui avec le plus grand soin, et il les compare soit avec le modèle, lorsqu’il a eu la chance de l’apercevoir, soit avec l’idée qu’il s’en fait d’une façon absolue, et c’est, le plus souvent, dans ce dernier cas qu’il déclare le portrait ressemblant ou non. Il éprouve aussi des sympathies chaleureuses pour tel ou tel inconnu, et il blâme ceux de qui l’image lui déplaît de s’être ainsi orgueil-leusement fait peindre et exposer. Enfin, un des jeux les plus aimés de notre promeneur et de sa petite famille est de ramener tel ou tel portrait à la ressemblance des gens de son entourage ou de ses relations… C’est un grand plaisir de pouvoir ressentir toutes ces impressions en visitant le Salon, et pour notre part, nous reportant aux années d’enfance, nous regrettons plus d’une fois amèrement de ne pouvoir plus les retrouver depuis que nous sommes contraint de pratiquer la deuxième manière de voir la peinture annuelle. Cette manière est tout à fait spéciale, hétéroclite et relative.