LA SCULPTURE 37 une beauté d’expression générale ou signifient fortement un caractère. Grâce à la disposition large des creux et des reliefs, ils s’enveloppent de clair-obscur, et sous ce voile errant le sens de la vie intérieure transparaît avec plus de douceur. Deux Bustes de Femme de Marcel-Jacques nous retiennent par un charme de bonté pensive. On retrouve avec plaisir, en marbre, une délicieuse Tête de jeune Femme, par Lucien Schnegg, d’une beauté pure et classique, directement empruntée à la nature. Son Étude d’Enfant, souple et colorée, n’est pas moins exquise. Boleslaw-Biegas expose un Buste en bronie de Metchnikoff, très intime d’expression, où la sérénité du philosophe optimiste adoucit délicatement la gravité du savant. Une Étude de Femme accoudée de France Raphael, de modelé un peu maigre et court, vaut par la grâce vivante de l’attitude ou par les jeux de l’ombre et de la lumière qui poétisent le doux visage. Le Buste de Carpeaux, par Fagel, a bien l’attitude active et résolue qui convenait au fier interprète de la vie nerveuse et de la beauté moderne ; mais les traits affadis n’ont pas la rudesse, l’âpreté populaire qui persista chez l’artiste, et j’avoue que je ne l’aurais pas reconnu sous ce masque d’élégance bour-geoise. La petite sculpture de genre prend tous les jours une plus grande extension, et je ne m’en plains pas, pourvu qu’elle évite un double écueil, l’insignifiance du bibelot ou le bousillage de la pochade. On peut mettre beaucoup d’art dans ces petites choses ; témoin, la Statuette, bois de Gaston Schnegg, les Miséreux et les Hommes des Champs, de Wittmann ; les Résignés, de Talrit ; la Baigneuse, de Van Gosen ; les Petits Chagrins, par Perelmagne; la Judith, de Granet ; et la Source, de Madame de Giessendorf. Au premier plan dans ce genre, je placerais les statuettes de bois et d’argent de Carabin, d’un style dru et râblé ; le Mirage, d’une conception ingénieuse et d’un faire magistral ; la Correspondance de la Presse universelle, offerte à M. de Blowitz. La Gloire, une figure de femme modelée par Madame Cazin, à la mémoire de son mari, est empreinte de la grâce triste qui caractérise à la fois la manière de cette délicate artiste 10