32 LES SALONS DE 1903 d’Edgar Poë, ne sont ni moins ingénieuses, ni moins bien adaptées au texte. Le talent macabre et quelque peu satanique de ce fier dessi-nateur était fait pour interpréter les terreurs du Chat Noir, du cas de M. Waldemar et du Maëlstrom. D’autres eaux-fortes originales manifestent la science du vice et de la grimace humaine, l’ironie à l’emporte-pièce de ce terrible railleur. Les lithographies en couleurs de Lunois, les Norias de Cordoba et la Nuit à Séville, sont d’une vivacité nerveuse et charmante; très originaux aussi les bois en couleurs de Jacques Beltrand et les bois au canif de Laboureur, surtout le Paradis terrestre. Parmi les gravures sur bois de Paul Colin, on remarquera ses illustrations pour l’Alma-nach du Bibliophile, et parmi les gravures de Chalime , une scène de lutteurs très plaisamment observés. Une pointe sèche de Ranft, l’Embarcadère, les eaux – fortes en couleurs de Robbe, la Femme à l’Estampe et le Dernier Roman, celles d’Osterlind, Danseuse à l’Écharpe ; les Premiers Beaux Jours, de Jacques Villon, la Clara d’Ellébeuse, de Francis Jourdain, nous per-mettent de ranger ces artistes parmi les plus fins observateurs des moeurs ou des Manières de sentir d’aujourd’hui. Je retrouve ici, tra-duite en eau-forte colorée, la Sentinelle de Thaulow, d’un effet plus mystérieux et plus prenant encore que dans le tableau original. En saisissant au vol les gestes de deux chefs d’orchestre, celui de Monte-Carlo et celui de la garde royale de Londres, Renouard fait brus-quement saillir à nos yeux le contraste de deux races, l’antithèse du Nord et du Midi, le solide flegme britannique et la chaleur expansive, la mimique forcenée des pays du soleil. Et je veux terminer cette incomplète revue par un hommage à l’admirable artiste qu’est Lepère, en son eau-forte originale l’Abreuvoir au pont Marie, et par un salut aux débuts pleins de promesses, de fraîcheur et d’ingénuité d’une jeune artiste, Mademoiselle Margueritte, Branche de pommier et Pommes ont une exquise saveur de nature.