LA PEINTURE ‘7 bruines rouennaises de Chevalier, les claires visions de Costeau et les délicatesses un peu enfumées de Griveau, le Ciel d’orage de Francis Jourdain et la Baie de l’Orne de Mademoiselle Esté. Montenard est fidèle à sa Provence claire, bleue et blonde, et Le Goût-Gérard, à ses ports de Bretagne. Smith nous raconte Venise et baigne dans un chaud rayon de soleil le campanile rouge de l’église Saint-Georges; Vail est amoureux de Venise, lui aussi, tandis que Gillot, de sa manière vive et preste, raconte les aspects familiers de Paris, la Seine et Notre-Daine, la Rue des Saints-Pères, le Pont des Arts. Jules Flandrin, qui me paraît encore hésitant dans un Por-trait, un peu lourd et gauche dans un grand tableau d’autel, révèle des qualités de paysagiste hardi, en des toiles riches de couleur et d’un sentiment décoratif comme la Vallée de l’Isère (automne) ou l’Église de Corenc. Ce n’est certes pas un artiste banal celui qui raconte, dans un tapage fort harmonieux de couleur, une Audience à Venise. Il me paraît encore tiraillé en des sens divers, mais il trouvera sa voie. Guillaume Roger a, lui aussi, de très jolies qualités de limpidité et de fraîcheur prime-sautière. Il a bien fait de réduire le format de ses toiles. Sa peinture y paraît plus corsée, plus nourrie, sans rien perdre de sa vive justesse. Lherrnitte reste au premier rang de ceux qui mêlent la figure au paysage. Probe historien des gens de la terre, il connaît leurs gestes et leur allure ; il les établit dans leur milieu avec toujours plus d’autorité. Ses botteleuses et ses moissonneurs sont surpris bien naïvement dans leur action coutumière. Dans la Marne, sa manière s’élargit, la lumière diffuse et brouillée, pénétrée de gris, flotte dans l’air et se répercute dans les eaux. C’est une page simple, grande et vraiment magistrale. Les talents sont nombreux et variés, et pourtant on se demande avec une certaine inquiétude si notre École française qui, par deux fois, au dernier siècle, a renouvelé le paysage, n’est pas sur le point de laisser passer le sceptre en d’autres mains. Il est vrai que les créateurs les plus originaux, un Monet, un Pissarro,