16 LES SALONS DE 1903 Meslé, qui se souvient des sourdines émues de Cazin, aime les clairs de lune, les gris crépuscules, les soleils voilés. Il y a bien du charme et du mystère dans son Vallon (soleil couchant), avec l’homme et le cheval blanc qui rentrent du travail par le chemin creux, avec la fuite à demi effacée des terrains. Il rend bien finement les gris bleutés et les rayons pâlement jaunes du crépuscule, le silence et l’apaisement de l’heure mystérieuse, entre chien et loup. Moullé dit la gloire du couchant, la chaude limpidité des soirs d’été, quand les lumières sont orangées, quand les ombres bleuissent. Sous les arches d’un pont dont les pierres se dorent, les reflets calmes s’approfon-dissent, les masses de feuillages immobiles baignent dans la lumière et répandent sur le sol une sombre douceur. A côté de ces notations calmes et attentives, la verve heureuse de Lebourg aborde de nouveaux problèmes. Ses toiles, datées des bords du lac de Genève, sont merveilleuses d’audace primesautière, de limpidité fraîche, traversées d’humides lueurs dansant sur l’eau, sur les fonds montagneux et forestiers. C’est une évocation soudaine, insaisissable, une vivante synthèse où l’effet d’ensemble se recon-stitue à distance par la témérité libre et sûre de la facture. Et voici, dans une manière plus fondue, les aimables impressions de Damoye, la Prairie, le Thouet à Bagneux; les fraîches clartés de Dagnaux, le Pont de Mantes, la Vieille Route; les violets délicats et les verts de Clary, Ferme au bord de la Seine et Ruines du Château-Gaillard; les crépuscules de Billotte, d’un sentiment fin, d’une facture un peu épinglée et menue; un panneau décoratif de Chudant, la Préfecture du Doubs, qui a du style; les paysages francs-comtois de Muenier, les Vieux Toits, la Fin de journée, de fine atmosphère brouillée; les marines puissantes, un peu trop jaunâtres, d’Ullmann, ses vues du port de Hambourg, avec ses puissants dérou-lements de fumée sur des ciels dorés par le couchant ; la Meuse à Dordrecht de Stengelin, harmonieuse et calme ; les marines normandes de Boulard et les paysages picards de Braquaval, les hauts plateaux d’Auvergne un peu secs de Kœnig, et les fines