88 SALON DE 1 goo (musée de Nancy), où l’on voit les voluptueux, tels que les décrit le Dante, roulés par une vague de feu, convulsés de dou-leur, éperdus d’angoisse… Ce n’est pas une mince tâche, pour un artiste de notre temps, que d’entrer ainsi d’emblée dans l’esprit du Dante, de s’identifier à ces visions puissantes, de saisir le côté tumultueux et formidable de son imagination. Peu d’artistes me paraissent s’être assimilé aussi parfaitement cette force descrip-tive du poète italien. A côté de cette oeuvre, M. Prouvé a un bon et caractéristique portrait de femme. Une toile d’une fantaisie et d’un coloris charmants, c’est le portrait qu’il nous donne du maître verrier Émile Gallé, au milieu de ses fioles et de ses vases aux reflets multiples, tenant à la main une coupe de cristal sur laquelle il s’apprête à graver quelque motif charmant. M. Luigi Loir peint des scènes de la vie des rues. Son Che-min de fer de Ceinture est une heureuse notation. Dans un coin de salle on a très intelligemment réuni des oeuvres qui composent tout un ensemble d’harmonies claires : c’est d’abord un délicieux Portrait de Jeune Fille, de M. Raffaëlli, entouré par quelques autres oeuvres de ce maître, puis une toile d’un artiste qui ne me paraît pas encore être apprécié à sa juste valeur : M. Charles Perrandeau. Il représente, sous le titre de Saintes Filles, un groupe de religieuses, toutes vêtues de blanc, parmi les fleurs. C’est un tableau d’une tenue et d’une profondeur de sentiment qui désignent ce peintre à notre plus grande atten-tion. Si vous voulez voir une effigie du Pape, ne regardez pas le portrait qu’en a fait M. Chartran, qui se retrouve lui-même dans sa Signature de la Paix entre l’Espagne et les États-Unis. Ne pouvant entrer dans le détail de tous les tableaux exposés, je me bornerai, pour compléter ces pages sur la Décennale, à citer quelques-unes des oeuvres principales qui y figurent. C’est ainsi qu’il convient de retenir les noms de MM. Japy, Iwill (Au Pays des Dunes, le Calvaire), Petitjean (Vue de Verdun), Piet (Pardon