DANS LES MUSÉES ET LES GALERIES P I N I I I tl I TRADITION ET ART POPULAIRE POLONAIS (musée d’Art Moderne). — Cent cinquante pièces maîtresses,réunies pendant quelques semais au musée d’Art Moderne, ont montré que lenefolklore polonais était le plus riche du monde. Certaines oeuvres du XVe en particulier, ont la splendeur de notre art gothique français, tandis que les crèches aux personnages pleins de gaîté rappellent celles de Provence. Pourtant, on a pu noter que cette forme d’expression populaire à caractère presque essentiellement religieux perd de sa grandeur àmesure qu’elle avance en âge. Des Chemins de croix d’inspiration récente côtoient notre détestable art saint-sulpicien. LE PORTRAIT FRANÇAIS DE WATTEAU A DAVID (à l’Orangerie). — A notre époque où les jeunes artistes marquent une telle désaffection pour l’interprétation du visage humain, voici à la vérité une exposition passionnante. Elle prouve que les grands peintres du XVille siècle, tels que Boucher, Watteau, Quentin Latour, Greuze, n’ont pas seulement représenté des Amours dans un parc, des bergeries ou des scènes galantes, mais qu’ils ara été aussi d’admirables portraitistes. Une fais de plus, Chardin se révèle comme le plus tant de tous dans ce Souffleur anonyme, figure grandeur nature qui ressemble si étrangement à son ami le peintre Aved. HENRIETTE GROLL (Galerie Katia Granoff). • — Elle aussi est avant iota « u porffai-liste », soucieuse d’obtenir la ressemblance par une analyse profonde des modèles qui sont le plus souvent ses parents ou ses amis. Tout dans son art est équilibre, sérénité. Elle puise dans l’amour de maîtres très aimés, comme Cézanne ou Manet, une leçon utile qui ne gêne pas sa personnalité aussi peu féminine que possible. Henriette Grog. Portrait de We X… Christ bénissant (ssisiècle). (Musée d’Art Modern,) CALY (Galerie d’Art du Prin-temps). — Celle-ci peint un r pal coninze l’oiseau chante. A la manière de Séraphin, qu’elle ne contrait d’ailleurs pas, elle invente des fleurs de rêve en recréant narisse renoncules ou boutons d’or. Une poésie exquise se dégage de cet univers surréel où la peinture garde ses droits. R. B. Photographies M. Vau, Girardon. C. Bablin. 60 Portrait du philosophe d’Alembert, par Quentin datons. à l’Orangerie. Caly le bouquet imaginaire. THÉATRE ET POÉSIE D’e`17:Zr dreZ,Vai, prisonnier de la c temps que scellé duos le sol du péristyle de la Comédie-Française, avec la totalité des disques contenus dans le palmarès 1957 des Prix de l’Académie du Disque français. C’est la première oeuvre moderne enregistrée sur disques par la Société des Comédiens Français. « Port-Royal acheve cette trilogie catholique qui comprend avec lui le Maitre de Santiago et la Ville dont le Prince est an enfant », nous dit Henry de Montherlant dans la préface qu’il vient d’écrire spécialement pour la luxueuse plaquette illustrée qui accompagne les trois disques 33 tours, soit deux heures d’écoute, édités par Pathé-Marconi (Dtx 236 à 30). Mise en scène par Jean Meyer et jouée par les artistes qui l’ont créée en 1954 à la Salle Luxembourg, la pièce est présentée et commentée avec un tel bonheur par Henri Rollan que la voix de ce dernier suffit à nous rendre présents les jeux de scène et les effets visuels. Pierre Descaves, administrateur, « a quelque fierté de voir figurer au répertoire une oeuvre où l’on ne rencontre aucune concession à la facilité ». Le débat d’âmes, le drame religieux et humain de Pori-Royal ont été souvent analysés et loués ; l’enregistrement, aussi bien que la présentation du disque — qui vient d’obtenir le Grand Prix du Président de la République — est à la hauteur du texte et des interprètes. La poésie, de son côté, se trouve bien des richesses infinies qu’offre l’enregistrement et de la discipline rigoureuse qu’il impose. Dans une salle, l’artiste le mieux préparé peut se permettre une légère entorse, il reprend aussitôt son public. Mais à l’audition d’un disque, aucune défaillance n’est permise. Une récompense toutefois : pas un souffle, pas une nuance ne seront perdus, et la belle intonation, la trouvaille inespérée, l’effet obtenu un jour de grande forme se répéteront autant de fois qu’un saphir glissera sur le disque. Jean-Marc Tennberg, connu des habitués du Petit-Marigny et des téléspectateurs, passe régulièrement depuis un an sur deux scènes parisiennes bien différentes, puisqu’il s’agit des Deux-Anes et de Chez Gilles. Son talent est grand, son choix d’auteurs avisé, son succès légitime. Après le récital De Villon à Prévert, il nous donne aujourd’hui l’enregistrement intégral de son « Tour de poésie » du Petit-Marigny. Voisinent Laforgue, Max Jacob, La Fontaine, Apollinaire, Carco, M.° de Sévigné, Heine, Ronsard et bien d’autres poètes connus et aimés. (Disques Odéon Odx 169 et 170.) Les orgues de cristal et instruments nouveaux à percussion de François Baschet et Jacques Lasry dont nous avons déjà signalé l’intérêt et l’originalité viennent de servir de fond sonore à l’enregistrement de Quatre Poèmes, dits par le jeune comédien Jacques Doyen. (Ducretet-Thomson, 460 V. 316.) Dans l’obsédante Ballade des Pendus, de Villon, les instruments s’effacent pour n’être plus qu’un glas qui martèle sans répit le texte. Pour Annabelli, de Poe, et la Femme infidèle, de Garcia Lorca, Lasry a écrit une musique très souple et évocatrice. Avec le poème Batterie de Cocteau, hymne à la vie et au soleil, les instruments éclatent et prennent le dessus, si bien incorporés à la voix que sons et mots se fondent. Le soleil vibre véritablement, les bruits parlent. En mai 1953, la Radiodiffusion Française consacrait une émission à Henri Michaux et demandait à Germaine Montero de dire la Ralentie, un des textes majeurs de Pauvre du poète. Marcel Van Thienen avait écrit dans ce dessein, non pas un fond sonore, mais un bruitage musical très particulier, où mélodies véritables et bruits de tous les jours (obtenus sans le concours d’instruments) venaient ponctuer de façon très pathétique le déroulement du drame de solitude qu’est la Ralentie. La voix de Germaine Montero pouvait ainsi garder une sobriété boule-versante, encore que certains passages doublés d’échos rythmés ou chuchotés atteignent à l’hallucination. On sait que Henri Michaux, méticuleux, exigeant, difficile, fuit le monde et vit en soi. Cette réalisation l’aura suffisamment satisfait puisqu’il autorise aujourd’hui les Éditions de la Boite à Musique à reprendre aux archives de la R. T. F. la bande de l’émission pour la reproduire. Sous un fac-similé d’un fragment de texte tracé par Michaux lui-même, Jean Roy présente l’ceuvre et le disque. Le recto de la pochette due à Mottis n’est pas sans parenté avec les graffiti chers à Brassaï. Tel est l’ensemble dont il faut féliciter la Boite à Musique (Ld 037). A. F.