EXPOSITIONS PAR RENÉ’ BAROTTE Pougny faisait cet v:,‘,„■=0″r;.’ 58 A Galliera, triomphe d’un sculpteur : MARCEL GIMOND Gin-tond, le plus grand « bustier» français, qui n’avait réuni aucun ensemble depuis 1945, vient d’exposer vingt-cinq portraits au musée Galliera, à côté des toiles de deux peintres honorables : Simon Levy et Milich. Trop rares sont les manifestationsartistiques consacrées à la sculpture. Celle-ci du moins nous a permis d’apprécier le talent d’un artiste dont les œuvres, par leur stabilité, leur pondération, leur sobriété plastique, ne paraissent pas inférieures aux plus beaux morceaux khmers, égyptiens, romans ou gothiques. Marcel Gimond aurait pu poursuivre sa voie dans des recherches monumentales sa Baigneuse couchée du musée d’Art moderne, datée de 1924, est restée dans tous les souvenirs. Depuis trente ans, il a préféré consacrer son activité à l’analyse approfondie de la figure humaine. En regardant les vingt-cinq visages réunis ici. les plus familiers nous sont apparus comme des portraits d’âmes. A travers le bran., nous avons retrouvé l’intelligence subtile d’André Arbus, la sérénité intérieure du pieux Stanislas Fumet dont la ressemblance avec saint François d’Assise est si frappante, la bonté du grand journaliste Danjou, hélas ! disparu. La douceur de Rose Granoff et de IM,c Marcel Gimond a été magnifiée encore par le sculpteur. C’est en assistant à la naissance d’une de ces effigies, dans l’atelier de la rue Ordener, que j’ai compris toute la valeur d’un tel travail. J’ai vu sortir de la glaise, il y a quelques années déjà, le très beau portrait de M. Auriol. Pendant les douze séances de pose, l’artiste animait son modèle par une conversation des plus vives. Il en suivait toutes les réactions sur son visage à la manière d’un psychanalyste. « N’oubliez surtout pas que les volumes, les rythmes d’une marre plastique risqueraient de rester décoratifs s’ils n’étaient, avant tout, fonction du sentiment », dira-t-il à ses disciples de l’Ecole des Beaux-Arts. Quand celle qui était alors « la première dame de France » eut accompli patiemment son rôle de modèle, Gimond poursuivit sa tâche ; avant de couler le buste, il y travailla encore pendant près d’un an, parvenant enfin à cette perfection faite à la fois de vérité psychologique et de beauté fortnelle. La victime de ce redoutable « analyste » se retrouva alors en face de son « double » ; elle fit remarquer de façon très féminine e « C’est très beau, mais peut-être que le nez pourrait être moins accentué ?» Gimond, intraitable, ne voulut apporter aucune retouche. Au musée d’Art Moderne : PCUGN Y L’ENCHANTEUR Il y a un peu talus d’un an mouratt a Montparnasse Jean Pougny, ne en 1894 près de Saint-Pétersbourg. Depuis longtemps, la France l’avait adopté. Il laissait une oeuvre très pure, presque toute basée sur la recréation des émotions qu’il éprouvait en face du simple objet ou du plus attachant spectacle de la vie quotidienne. En réunissant pour un mois, sur la cimaise du musée d’Art moderne, plus de cent toiles et de nombreux dessins de ce grand peintre, Jean Cassou le situe à sa vraie place. On l’appelait le « maitre des petits formats ». Il éprouvait un immense plaisir à fixer sur des toiles de dimensions très réduites tout un univers coloré : des « Arlequinades ». des plages peuplées d’amusants personnages, des ports et surtout des natures mortes, «à la chaise ». « au piano », « aux masques », qui, toutes petites. se transformaient sous sa palette en joyaux infiniment précieux. Dans l’actuelle rétrospective, ses dernières recherches, de plus en plus intimistes, occupent une place prépondérante. A ses débuts, vers 1910, il fut «fauve», avant beaucoup d’autres. Deux ans plus tard, son premier voyage en France lui permit d’admirer passionnément Cézanne sans lui rien faire perdre de sa personnalité. Rentré en Russie, il allait participer à tous les mouvements, scandalisant, avant la Révolution, le frère du tsar en organisant des expositions d’avant-garde. 11 fut successivement dadaïste, naïf, cubiste et même abstrait dans des toiles où les formes pures révèlent les dons d’un « constructeur o. A son retour définitif à Paris, en 1923, Pougny fit passer avant tout daims. tableaux son goût de la matière somptueuse. Dès lors, elle dominera aussi bien dans les toiles claires de 1930, dans la période dite « Louis Carré » de 1938 à 1946, que dans les œuvres comme les Autobus, la Rue, la Femme au fauteuil blatte, l’Homme à la canne, des dernières années. Combien de fois l’ai-je vu travailler, penché sur les objets hétéroclites de son atelier ! Après avoir fait de nombreuses esquisses, il posait les couleurs par petites taches sur un bout de carton, sur un morceau de toile dont il utilisait même les craquelures. La moindre chaise de paille défoncée sur laquelle il avait posé une poupée cassée, une potiche sans valeur, quelques fleurs fanées devenait soudain un enchantement. Basie de Mi, Pi., le Doux, par Marcel Gimone!.