NÉ MA IP 11 ARCEL LASSEAUX STELLA, FEMME LIBRE Comédie dramatique grecque (A). Ceci est l’histoire d’une femme fantasque, capricieuse, légère mais dominée par une passion si ardente, si exclusive de l’indé-pendance qu’elle préférera renoncer à l’amour et même à la vie plutôt que de se laisser passer le mors et la bride du mariage avec l’homme qu’elle adore cependant. Mana Mercouri — l’émouvante pécheresse de Celui qui doit mourir, de Dassin — a parfaitement compris et rendu le caractère curieux de cette femme, attachante malgré ses fai-blesses son animalité déchaînée, sa légèreté couvrant une sensibilité qui n’affleure que par instants et surtout à la fin. En actrice intelligente et subtile, elle a exprimé toute la sève ardente de son personnage, passant sans effort de la verve gouailleuse, cynique et peuple de l’insouciante pensionnai. de e beuglant e de bas étage à la gravité réfléchie du douloureux conflit intime de l’amoureuse à qui il faut choisir entre l’amour et la liberté, entre la vie et la mort. C’est bien Le réalisateur est Michael Cacoyannis, qui signa déjà la Femme en noir. Sa main est ici à la fois ferme et légère et son tact parfait lui permet d’éviter avec élégance de sombrer dans le mélo ou dans la déclamation. Pas de longueurs, du souffle, de la mesure, de belles images avec une recherche discrète de cadrages ou d’angles originaux, de pittoresques vieux quartiers populaires d’Athènes et, par-dessus tout cela, la lumière, Fair transparent et le ciel de l’Attique. Seul reproche peut-être un léger abus de chanteuses et d’orchestres calamiteux. Couleur locale ? Bien sûr mais… ASCENSEUR POUR L’ÉCHAFAUD Prix Louis Delluc 1957 Film français de e série noire» (A), d’après le roman de N. Calef (*). Je trouve très bien que lep Delluc e de la Critique française de cinéma soit allé à ce film. Il récompense un bon « série noire mais surtout il souligne le mérite d’un très jeune réalisateur Louis Malle, dont c’est le premier film romancé de long métrage, film dans lequel la main et le coup d’œil ne trahissent vraiment pas le débutant. Si l’avenir confirme ces prémisses et il n’y a pas de raison pour qu’il les infirme, le cinéma français aura fait une bonne recrue. Ce n’est pas déjà si fréquent Disposant pour ce début de faibles moyens financiers, Malle a joué habilement des extérieurs, qui coûtent moins cher que le studio, et le film n’y perd pas. L’intrigue me paraît moins subtile que celle du livre, où un criminel se voyait convaincu d’assassinats dont était innocent et innocenté de celui qu’il avait réellement commis ; mais le nouvel épilogue a de l’origi-nalité et de l’accent. A côté d’invraisemblances comme l’esca-lade en plein jour de la façade d’un building du boulevard Haussmann, je souligne une idée qui m’a bien séduit l’inter-rogatoire du prisonnier devant un simple fond de rideaux noirs et dans la flaque de lumière blanche d’un projecteur ; les policiers qui cuisinent l’homme semblent surgir du néant et y retourner dès qu’ils s’écartent de lui, ce qui donne à la scène un effet de fantastique saisissant et permet d’économiser le décor de P. J. qu’il eût fallu construire autrement. L’interprétation est satisfaisante Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Poujouly, etc. mais je retiens particulièrement la jeune, vivante et expressive Yori Bertin, qui me semble avoir de l’avenir. MeneMe%edrer=g2i,====:= aux chevilles devant stopper —théoiqueent — le corps avant ‘impact fatal avec le sol. La violence de ce coup d’arrêt est inimaginable… PARADIS DES HOMMES, reportage italien filmé en couleurs (A). Le paradis des hommes en question se situe dans quelques-unes des iles bénies de l’archipel des Tuamotou, qui envoûta Gauguin et bien d’autres. Partout, ce ne sont qu’atolls de coraux ébouriffés de cocotiers, cernés de lagons transparents, eux-mêmes ourlés de brisants écumeux ; partout, ce ne sont que jeux d’eau et de lumière, ruissellement de couleurs nappées de soleil ; partout, ce ne sont que rires et gentillesse sans apprêt de gens pour qui les moindres prétextes sont bons pour fêter la vie avec insouciance, un élan, un entrain qui enchantent. Deux épisodes remarquables démêlés des pêcheurs de nacre et des requins, par exemple, et le tribut de petits cochons que les premiers doivent payer aux seconds pour n’être pas eux-mêmes dévorés ; puis l’étrange coutume qui oblige les hommes de l’île de la Pentecôte à faire preuve de courage en se jetant du haut d’une tour de branchages de 20 mètres, deux lianes nouées aux chevilles devant stopper — théoriquement — le corps avant l’impact fatal avec le sol. A voir la violence de ce coup d’arrêt, j’en suis encore à me demander comment un être humain peut résister à la dislocation ! Il est vrai que le film n’insiste pas sur les déboîtements d’articulations, luxations de vertèbres, élongations et déchirures musculaires que ces vaillants sauteurs gardent peut-être pour la vie. M. L. (A) Librairie Fayard.