peuvent être trouvés en pleine ville ; alors que les uns sont parvenus à un stade où leur monstrueuse puissance les rend incapables de servir à l’échelon régional, les autres, étranges oiseaux aux grandes ailes vivantes, semblent toujours flâner dans le ciel et prêts à se poser en bourdonnant. Ils assurent non seulement des liaisons rapides et pratiques entre villes proches mais des correspondances avec les long-courriers. Tous les centres urbains qui ne peuvent s’offrir les kilomètres de pistes d’un aérodrome trouvent toujours un champ pour y installer un héliport et se rattacher ainsi aux réseaux aériens inter-nationaux, comme une gare de banlieue le ferait avec ses a navettes »… Tortillards du ciel. Entre l’avion et l’hélicoptère, il y a la même diffé-rence qu’entre le train rapide et le charmant tortillard qui, bruyamment, contourne les coteaux et s’intègre au paysage. L’un fonce en aveugle à des milliers de mètres d’altitude, l’autre suit les méandres des rivières et des vallées, se glisse sous les nuages et semble musarder en une promenade apparemment lente au-dessus d’un monde qui ne se dérobe pas aux regards. Dans les deux cabines de six places opposées qui sont la reproduction d’un compartiment de chemin de fer, le voyageur, par les larges fenêtres, participe à la vie des champs et des villes ; le plan en relief qu’il surplombe est animé de marchés, d’usines au travail, de réunions sportives, de voitures sur les routes. Et quand apparaissent, après une heure quarante en venant de Paris, les faubourgs de Bruxelles, le temps a passé très vite. L’appareil survole alors un immense chantier d’où jaillit un extravagant échafaudage d’acier luisant et de fer peint au minium l’atomium, clou de la future exposition, dont les boules géantes domineront la capitale pendant dix ans, selon les contrats, et peut-être plus longtemps s’il devient le symbole des temps modernes, comme le fut, pour le siècle dernier, la tour Eiffel, effacée il y a deux heures en même temps que Paris. L’oiseau bat des ailes sur place, et, exceptionnellement, pour nous, descend, s’immobilise comme s’il allait se poser sur le grand perchoir orné de boules. Il passe au niveau d’hommes suspendus dans le vide, frôle les plus étranges carcasses d’édifices que l’on puisse voir et qui semblent défier les lois de l’équilibre : des tours inclinées à 45 degrés reposant encore sur des lits métalliques d’échafaudages ; des toitures que ne soutient aucun mur ; un monde de demain en chantier ; une vaste anticipation émergeant de la terre, crevant la boue ; un champ clos de 200 hectares où cinquante-trois nations croisent le fer pacifiquement pour qu’y triomphent des techniques et des audaces. Un héliport est en cours d’aménagement dans l’enceinte même de l’exposition. C’est là que, dans quelques mois, feront escale les appareils venant de la Belgique et de l’étranger ou assurant la correspondance avec les grands aéroports. Mais il n’est pas encore possible de s’y poser. Le trajet se termine au coeur même de Bruxelles dont le bruit monte aux oreilles dès que se tait le moteur. ROGER BASCHET