EXPOSITIONS PAR K GN1 BAROTTE AU PAVILLON DE MARSAN PEINTURES RUPESTRES DU TASSILI Pour quelque temps encore, le plus prodigieux ensemble d’Art préhistorique, jamais vu jusqu’à ce jour, s’épanouit sur les cimaises du Pavillon de Marsan. Ce sont des « relevés » exécutés à l’aide de calques précis par de jeunes artistes sous l’impulsion d’Henri Lhote, archéologue, disciple de l’abbé Breuil qui dirigea les travaux au Tassili. Après cette exposition ces peintures rupestres seront transportées au Musée de l’Homme. La richesse de leurs couleurs, la beauté de leur graphisme prouvent que le Sahara ne fut pas toujours terre désertique. Depuis plus de trente ans déjà, s’inspirant des trouvailles faites au début du siècle par les officiers méharistes Lannais, Brenans et d’autres, Lhote avait compris que les peintures rupestres de la région nord-est du Hoggar présentaient des vestiges aussi beaux et beaucoup plus importants que ceux d’Altamira, de Lascaux, des Eyzies. Se souvenant de ses longues stations émerveillées dans les abris de Djerat, Iharir, Tamarjet, In-Essan, l’explorateur a voulu transporter en France la vision de tels chefs-d’oeuvre. C’est pourquoi, encouragé par les successifs gouverneurs d’Algérie, il repartit pour le Tassili au début de 1956, avec une équipe comprenant dix peintres et un photo-graphe. Parvenue à 2 000 mètres d’altitude en luttant contre les éléments, cette caravane, trop souvent sans chameaux, parvint enfin devant une immense forêt de pierres. Sous ces msses de grès rose, l’érosion avait créé en maints endroits d’innombrables labyrinthes. C’est dans ces habitations de troglo-dytes que les explorateurs, travaillant pendant seize mois de suite en dépit de la mauvaise nourriture, de la chaleur et du froid, ont exécuté les fidèles copies des oeuvres découvertes par l’archéologue. Ces peintures sur roc semblent avoir été commencées environ huit mille ans avant notre ère. Elles se présentent curieusement en étages superposés ; leur diversité permet aux spécialistes d’en fixer l’âge approximatif. Sur les plus anciennes, peintes en violet, nous voyons s’agiter des personnages à tête ronde ; plus tard, les corps filiformes se boudinent, la gamme des acres s’enrichit ; l’apparition de masques indique des éléments négroïdes, d’une rare beauté. Vient ensuite une époque égyp-tienne, inattendue en plein Sahara. Alors les femmes sont parées et gracieuses. La plus belle est sans doute celle que l’équipe a surnommée « Antinéa ». C’est enfin le règne des pasteurs à bovidés ; la civilisation se perfectionne ; un goût profond du naturalisme remplace les tendances animistes ou magiques. Les peintres s’intéressent à la représentation de la vie quotidienne l’amour, la guerre, la danse participent à la fête. Sur une même œuvre on peut compter soixante-trois boeufs aux cornes somp-tueuses. Les dernières fresques donnent une large place à un animal qui nous est familier, le cheval domestique. 11 marque le début au Sahara de l’époque historique qui est aussi la nôtre. Nous souhaitons que les jeunes artistes de notre temps étudient ces compositions exécutées par leurs plus lointains ancêtres. Ils y trouveront de saisissantes similitudes de trait et de mouvement avec plusieurs oeuvres modernes. AU MUSÉE DU LOUVRE : 150 CHEFS-D’ŒUVRE D’ART ROMAN Pour mieux mettre à notre portée quelques pièces maîtresses du xte au xme siècle, M. Pierre Pradel, conservateur des musées nationaux, avec la collaboration de MM. Landais et Vergne-Ruiz, a groupé au Louvre 150 sculptures et objets d’art de l’époque romane appartenant à d’importants dépôts lapidaires. Cette exposition permet aux profanes eux-mêmes de découvrir aisément les dominantes d’une esthétique qui garde toute son originalité en associant les souvenirs un peu frustes de l’art roman à la chaleur de l’école byzantine. Cluny, comme il se devait, est à la place d’honneur. Rouen, Reims, Avignon, Angers, Poitiers, Chartres ont envoyé aussi leurs joyaux. Les thèmes sacrés se mêlent aux sujets profanes. C’est ainsi que les « Apôtres » de Toulouse voisinent avec la douce « Eve » d’Autun. D’admi-rables reliquaires, des croix processionnelles, des sceaux, des manuscrits, des tissus, des olifants d’ivoire, dont les incrus-tations imbriquent si curieusement les animaux et les hommes, ajoutent à la splendeur de l’ensemble. Une vie intense se dégage aussi bien des personnages que des motifs décoratifs les plus humbles : arbres, fleurs et fruits. CLUNY LE PRINTEMPS. UNE DES FACES D’UN CHAPITEAU EXPOSÉ AU LOUVRE PARMI LES 150 CHEFS-O’CEUVRE DE L’ART ROMAN. DANS LES GALERIES KANDINSKY (Musée d’Art Moderne et Galerie Maeght). Quarante-quatre œuvres peintes, venues d’Amérique et rassem-blées au Musée d’Art Moderne; plus de nies et gouaches réunies la Galerie Maeght ont permis aux visiteurs de faire le point sur la force créatrice de celui qui en 1910 exécuta sa première composition abstraite. Dans ses recherches de formes et de couleurs, tantôt vio-lentes, tantôt mesurées, ce grand lyrique marqué par le souvenir de l’Orient apparaît comme le «père» d’une école puisant son inspiration dans l’univers intérieur. Vourt (Maison de la Pensée française). Ce sculpteur possède une sensualité, une passion pour les belles courbes qui évoquent parfois la plénitude d’un Maillol. Quel intéressant chemin parcouru depuis les cruels dessins exécutés par lui au Stalag 1 Ses céra-miques polychromes sont malheu-reusement un peu décevantes. BELLA Baisez (Galerie Pro Acte). En une technique dont la richesse évoque la belle matité de la « tempera n, elle a créé un art qui rajeunit heureusement cer-taines expressions dus sacré ». Cette jeune Israélienne, née sur les bords du lac de Tibériade, atteint à une grandeur spirituelle qui la rapproche à la fois des Egyp-tiens et des disciples de Giotto. MAGNELLI (Galerie de France). L’artiste italien qui de son propre aveu s’efforce de rendre expres-sives des formes visuelles ou ima-ginaires » est parvenu aune pureté plastique dont peuvent s’inspirer ses disciples, pour que leur rigueur mime ne soit pas jugée d’une orthodoxie douteuse. KANDINSKY : COMPOSITION VOLTI L EMME BOUE BELLA BRISEL DÉDOUBLEMENT MAGNELLI LISIÈRE SONORE 57