Encore intactes. elles prodiguent jusqu’au coeur de l’hiver leur soleil et leurs floraisons. Le volcan apparu dans l’Atlantique, l’éphémère Ilha Nova, appartenait à leur archipel. … POUR QUI EN BRISERA L’ENCHANTEMENT « Une oasis de bonheur pour qui en brisera l’enchante-ment », assuraient déjà les géographes arabes quirêvaient de ces îles atlantiques bien avant qu’elles fussent aperçues par les marins du roi D. Dinix, bien avant que. suivant les conseils du savant Henri le Navigateur. Frei Gonçalo Velho s’en vînt jeter l’ancre devant Santa-Maria. Aujourd’hui, celui qui a séjourné aux Açores gardera de ces terres étranges une nostalgie inguérissable. Mais que représente pour nombre d’entre nous le mot Açores? L’écho d’une phrase entendue maintes fois à la radio — « L’anticyclone centré au nord des Açores »…—le souvenir d’un tragique accident d’aviation, l’évoca-tion d’un aérodrome d’envergure et des câbles sous-marins qui relient l’Europe à l’Amérique, l’image récente d’un volcan jailli devant Fayal dans les flammes, et bientôt englouti. Rien d’autre. Les touristes qui courent le monde ont oublié jusqu’ici. semble-t-il, de s’arrêter en ces paradis posés sur la mer à quelque 800 miles de Lisbonne après Santa-Maria, Sâo Miguel puis Terceira, Graciosa, S’au Jorge, Pico Fayal, Flores et Corvo. Elles sont portugaises de naissance, de cœur, de langue, ces « îles adjacentes », portugaises et cependant si… açoriennes ! Le peuple, imprégné encore de l’atmosphère vibrante des grandes découvertes, qui rêve de voyages et émigre souvent, a gardé la marque, dans ses maisons, ses coutumes, son caractère, son visage même, des pre-miers colons venus, sur ordre de la duchesse de Bour-SUES avec Christine Garnier. gogne, des Flandres et de Bretagne. La nature, elle, dans sa richesse, offre les contrastes les plus singuliers. Ne trouve-t-on pas sur les pentes de ces volcans éteints, sur ce sol qui ici ou là fume encore, chênes et bananiers. fromagers de l’Inde, cryptomarias du Japon, bambous d’Afrique? Au pied des palmiers poussent les betteraves. Et sur la table familiale se mêlent pêches et ananas. Il n’est jusqu’au climat qui n’apparaisse peu banal. A une lourdeur quasi tropicale — qui donne aux Açoriens cette langueur joliment appelée marna«, — succède soudain une fraîcheur tout alpestre, et le ciel change presque à chaque instant. « Quatre saisons en un seul jour ». tel est le dicton des îles. Iles aux noms d’oiseaux de proie, somptueuses, mélan-coliques Açores… La plus grande — quatre-vingt-dix kilomètres — la plus belle des îles, Sâo Miguel, est volontiers appelée l’île Verte. Pour moi, elle est l’île aux villages. VILLAGES SANS SERRURES. Certes, on trouve ici des paysages grandioses. A Cete Cidades, dans le silence et la solitude, au fond d’un cratère aux crêtes tourmentées dorment les deux étranges lacs où s’engloutirent, dit-on, les sept villes fondées par sept évêques qui, au vine siècle, avaient fui la péninsule : l’un de ces lacs est bleu vif et l’autre, son voisin immédiat, vert émeraude, deux pierres précieuses enchâssées dans le vert Véronèse qui tapisse les crevasses dévalantes. Vert-de-gris est le lac de Fogo, le lac du Feu, perdu dans un monde de pitons et de ravins. Et vert olive le lac de 25