lm OR • ni 1111 iltili W111 i’ I rull ràu r. 1411M ri fit ilm. „„, « , ,d d um 11111 nul mu am 7a4 ‘II ›,■ Ad ei;.e.7e>>1)7■• INVASIOAdi DES IL ne faut pas jouer le rôle de Cari-tidès… Qu’est-ce donc que Cari-tidès? Un personnage ridicule qui parait dans les Fâcheux de Molière et qui a eu l’idée de postuler l’emploi de contrôleur intendant, correcteur, reviseur et restaurateur général des enseignes et inscriptions dans le royaume. Bien entendu, il demande à ce titre une pension de Louis XIV… Aujourd’hui ce fantoche ne sem-blerait plus si extravagant dans ses prétentions ni dans ses inquiétudes. Il aurait sous le bras la savoureuse et érudite thèse de M. Marcel Galliot sur la Langue de la réclame contem-poraine, vrai répertoire des bizarre-ries, ou musée des horreurs qui foisonnent dans le nouveau français. Certains l’appellent le bas français… comme on dit le bas latin pour le latin de la décadence. Et notre homme accablerait l’Office du vocabulaire, fondé par la Librairie Larousse, de doléances et de réclamations. D’ailleurs, il traduirait des scrupules, des angoisses assez communs dans l’opinion publique. Le succès des ILLUSTRATION DE HAËM. 22 rubriques de langage dans de nom-breux journaux les atteste aussi. Mais ce qui alarme le plus les gens un peu délicats, ce ne sont pas les fautes de grammaire ou de syntaxe, ce sont les nouveautés dans les mots, autre-ment dit les néologismes. Il serait donc utile d’examiner les néologismes qui pullulent à présent, spécialement dans les journaux, et passent très vite dans l’usage. Les recenser tous, la tâche semble impos-sible. Un éditeur courageux qui entre-prend de publier un supplément au fameux dictionnaire de Littré, lequel date de soixante-dix ans et plus, avoue qu’il faudra admettre près de douze mille termes nouveaux ; plus du quart de l’ancien vocabulaire. On s’en doute bien. Ce n’est pas un désir de nouveauté, une bougeotte, qui a causé une telle prolifération ; c’est bien la naissance de choses nouvelles, d’idées neuves, d’objets jadis inconnus, imprévus. La tech-nique, l’industrie et leurs progrès en sont responsables, bien plus que le changement des moeurs et l’évo-lution de l’esprit. Rappelons d’ail-leurs que la vie est un mouvement perpétuel, que tout s’écoule en ce monde ; les philosophes grecs et latins l’avaient déjà dit en belles for-mules. Le langage ne peut pas être fixé, stabilisé, au milieu de ce bouil-lonnement. Et aujourd’hui où l’accé-lération de l’histoire se précipite, la langue évolue aussi plus vite que jamais. Ce principe posé, il y a lieu de dis-tinguer des classes très inégales, parmi les néologismes. Très faciles à juger en dignité. Très différentes en origine. Le diagnostic à leur égard comporte déjà une thérapeutique. Ainsi il faut d’abord mettre à part les anglicismes. Ils sont très nombreux, parce que beaucoup d’inventions ou innovations viennent d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique, pour des rai-sons accidentelles. Le langage mili-taire en est farci : battle-dress, command-car, bazooka, etc. Mais de ces mots spéciaux, la nocivité est médiocre. Ils ne débordent guère du jargon spécial, pas plus que du