eu..7 de. /es *arcaJe… %. • • 7 ,/ .J/’ Fac-similé du du billet autographe du général Bertrand à son frère Louis, annonçant la mort de l’Empereur. Maréchal cumule les activités ambassadeur, huissier, il est encore greffier —un greffier occulte qui amasse des notes, et quelles notes ! Un grimoire effarant où se succèdent des fragments de mots, des lettres en gouttelettes, une cryptographie d’un nouveau genre que M. Fleuriot de Langle a déchiffrée, portée à la lumière avec une patience, une science admirables. Il est curieux de penser que, chaque jour, à chaque instant de loisir, Bertrand confiait à ses cahiers (de papier anglais) l’écho de ce monde fermé de Longwood, écho assourdi pendant près de cent trente années qui maintenant retentit à nos oreilles avec une sonorité émouvante. CEuvre obscure, si riche d’avenir ! Ces faits dénudés, cette sécheresse qui respire la vérité, cet enregistrement qui échappe à toute littérature, sans être dépourvus de sentiment, prennent une valeur exceptionnelle. Stendhal en eût été ravi. Retrouvons Bertrand dans le déroulement de cette tragédie, de cette marche à l’abîme sur cette île, haute muraille de basalte noir, battue par une mer indigo. C’est à la fois misérable et grandiose. Les discussions interminables sur les limites que le prisonnier peut ou ne peut pas franchir, sur le ravitaillement que seuls les domestiques anglais doivent assurer — en principe — l’espionnage constant, la lutte contre les rats qui pullulent dans l’île et vous mordent pendant que l’on dort… voilà le leitmotiv de la vie quotidienne. Sans doute on essaie de se divertir, on joue aux boules, aux cartes — et l’Empereur triche comme autrefois. Un jour, il fait installer dans la salle de billard une bizarre machine et demande à Bertrand s’il sait ce que c’est « Une machine de guerre. Est-ce pour servir à descendre sur un rempart ? — Peu d’esprit pour un ingénieur » C’est tout simplement une bascule, non pour les enfants mais pour lui il parait que c’est un bon exercice ; s’il peut monter là-dessus une demi-heure par jour, cela le fera suer. Or la Faculté désire qu’il sue… L’apparition d’un navire, l’arrivée de livres, de journaux — sélectionnés ! — autant d’événements pour les exilés, et parfois une nouvelle souriante : la naissance du jeune Arthur Bertrand, « le seul Français entré dans l’île sans la permission des Anglais », comme dit sa mère. Dans l’ensemble, existence morne, enveloppée de brume. Déprimé par le climat, l’ennui, le mal du pays, par cette communauté forcée, l’entourage de l’Empereur finit par ne plus comprendre la grandeur de la mission qu’il a acceptée ; dans la solitude les susceptibilités s’aiguisent, les griefs s’accumulent ; autour du maître, c’est la brouille, la petite guerre des serviteurs. Jadis un autre empereur, Charles-Quint, avait connu pareils déboires, après son abdication, dans sa retraite de Yuste en Estrémadure… Le rer janvier 1816, Napoléon avait pourtant dit à ses derniers compagnons Vous ne composez plus qu’une poignée au bout du monde et votre consolation doit être au moins de vous aimer. » Il s’aperçut bientôt du contraire, mais au fond il plaignait ceux qui étaient condamnés à partager son exil et le leur :disait avec sa verdeur « L’état d’avilissement où vous êtes tous me fait plus de peine stipe pa9e II Il