GRANDES VENTES PAR RAYMONDE WILHELEM VOICI QUELQUES ŒUVRES VENDUES EN OCTOBRE A PARIS ET A VERSAILLES Le marché parisien que ne bouderont pas les collections étrangères, comme nous l’expliquions ici même le mois dernier a res-senti néanmoins, ence qui concerne les collections françaises, le contre-coup des incertitudes politiques et des fluctuations monétaires. Bien des amateurs se sont dit »attendons s et cet attentisme a retardé le programme des grandes ventes à la Galerie Charpentier. A la date du 15 octobre, nous pouvons seulement dire que, outre l’ensemble de dessins, gouaches, aquarelles, tableaux anciens et modernes dispersé par Me Rheims le décembre, la grande salle du Faubourg-Saint-Honoré accueillera dans la première semaine de décembre deux ventes d’objets d’art, sièges, meubles et tapisseries appartenant au xv in» siècle pour la plupart, dirigées par Me Ader, et suivies probable-ment par une troisièmecomposée de tableaux, dessins, aquarelles et sculptures modernes organisée par Me Bellier. A l’Hôtel Drouot : le premier bel objet, une sculpture khmère. Le premier bel objet qui ait mérité d’avoir sa photographie sur un catalogue au mois d’octobre à l’Hôtel Drouot était une tete de Boddhisatva à coiffure conique en grès sculpté haute de z3 centimètres (art khmer xi» ou XII. siècle). C’était la pièce capitale d’une vente d’objets d’Extrême-Orient qui duré deux jours (17, ig octobre). Elle comprenait un ensemble de sculptures cambodgiennes des o», xii» et on» siècles. Ces statuettes et ces tètes proviennent en grande majorité des temples de la région d’Angkor découverts au xixe siècle par Mouhot au milieu de la flore tropicale. Leur exportation est naturellement interdite; avant que leur beauté ne soit appréciée par les Européens, les Siamois du me» au xviii» siècle devaient s’en servir comme modèles. La vente d’octobre présentait aussi des sculptures en bronze du Siam à patine verte et à patine brune, musses des xvile et xvine siècles. La belle tête khmère aux yeux baissés, aux lèvres épaisses, protectrice de quelque temple lointain, a trouvé un nouveau propriétaire qui l’a payée t75 000 fr. (Me Ader, MM. Portier experts). Une tapisserie de J.-B. Huet. Les tapisseries passent sent en vente à l’Hôtel Drouot. Mais onouv trouve plus fré-quemment des tentures d’Aubusson à décor classique de verdure et de volatiles que de belles tapisseries du xvine siècle à petits personnages. Le 35 octobre, Me Philippe Couturier mettait aux enchères une très jolie et fraîche tenture exécutée d’après les cartons de l’ornemaniste Jean-Baptiste Huet, /a Diseuse de banne aventure, mesurant 2 m 7o de 94 Tête de Boddhisaira en grès scalpé, hauteur 23 seniiivêtns, art khmer du ma ou XI de. Pendule cadran tournant, parrelaine Niedenailler. hala SUC 4 m Io de long. Elle a été payée 268 000 fr. Ce même jour plusieurs tapisseries d’Aubusson du xon» siècle à sujets tirés de l’histoire ancienne se sont vendues entre 90 000 es 160 000 fr. suœant leur état es leurs dimensions (Me Dillée, expert). t pEinusdébaculitdeà sa‘i,seornslillle.magreàéa été Le marché à l’Hôtel Drouot en octobre a été beaucoup moins actif à Paris qu’à Ver-sailles où les ventes (d’inégale importance) se sont succédé de façon constante tous les dimanches. Les unes étaient conduites par Me Blache, les autres par Me» Huvey et Chapelle avec la collaboration d’une pléiade d’experts parisiens. Le 20 octobre. Fauteuils «cabriolet», époque Louis XV. Le 2o octobre, dans une vente de beaux meubles anciens où figuraient asi des tableaux modernes, Me Blache us avec MM. Damidot et Lacoste, experts, a présenté à l’hôtel de l’Impasse des Chevau-légers une paire de fauteuils cabriolet » d’époque Louis XV, en bois naturel, sculpté, recouvert de tapisserie d’Aubusson de même époque. Celle-ci montrait une figure de pêcheur, une fermière et des animaux dans des enca-drements de fleurs. Cette paire de » cabriolet » (forme la plus répandue sous Louis XV) s’est vendue qol 000 fr. Le 27 octobre. Pendule en porcelaine de Niederwiller à cadran tournant. Une curieuse pendule en forme de vase, décorée de deux paysages polychromes sur un fond bleu piqueté d’or arec des anses formées de masques de femme passait en vente le z7 octobre dans une vacation impor-tante dirigée par Me» Huvey et Chapelle avec M. Dillée, expert. Ce très bel objet d’époque Louis XVI portant la marque de Custine a été adjugé 28o 000 francs. On sait que la manufacture de Niederwiller, établie par le baron de Beyerlé vers 1755, fabriqua de la pâte tendre à partir de 1765 et devint unevingtaine d’années plus tard la propriété du genéral de Custine, qui en confia la direction à François Lanfrey. La marque de Custine consiste en deux C cœisés avec ou sans couronne. Le za octobre, on pouvait également acheter un important cartel en bronze doré d’époque Icsuis XV portant l’estampille de Saint-Germain, vendu 615 000 fr., et an secrétaire à doucine d’époque Louis XV œuvre de l’ébéniste Louis-Noél Malle, 505 000 fr. Vente à la Galerie Charpentier. Me Ader donnera à la Galerie Charpentier dans la première quinzaine de décembre deux ventes composées où les objets d’art, meubles et sièges du >noie siècle tiendront la place d’honneur. Parmi ces derniers, quatre grands fauteuils d’un modèle extraordinaire attribués à Charles Cressent, célèbre ébéniste du Régent, devraient atteindre une enchère specta-culaire. Ces sièges à dossier plat en lires naturel sculpté, orné de feuillages, fleurettes et rinceaux reposent sur pieds galbés.