père, découvrirent dans la richesse de la pète une force évoquant les recherches de Delacroix et de Courbet. Cette ambiance fut, sans doute, décisive sur la formation de notre peintre. Yankel garde encore un souvenir heureux de la vieille bâtisse bran-lante. Il n’a pas oublié ses grands arbres, ., ni même le jet d’eau de la concierge, M. Gen-tilhomme, grâce auquel les locataires pou-vaient se doucher à tour de rôle. Sa mémoire n’a heureusement pas enregistré l’odeur infecte que la proximité des abattoirs répan-dait dans tout le quartier… Pendant longtemps Yankel, par respect sans doute pour l’œuvre de son père, se contentait de peindre en cachette. Il exécutait ce qu’il appelle encore des « bricoles » et ne les montrait pas. Très jeune il se passionna pour les sciences naturelles et devint ingénieur géologue. II2consacra sa Mise à l’étude d’un Sarrhaa, Taureaux sur la digue (Galerie Martel Gaie ). fossile au no indigeste découvert dans le nord des Pyrém nées. Après la guerre il fut envoyé au Sahara, où il rencontra Jean-Paul Sartre. Ce dernier, après lui avoir dédicacé son Baudelaire, l’encouragea à montrer ses tableaux. Brusquement, e 1933, Yankel, composant dans cette matière somptueuse qui avait été celle de ses pairs, un soldat beylical bleu et rouge, obtint le prix, très recherché, des Amateurs d’Art. Ce fut le premier pas de son ascension. Depuis cette date, Yankel a conçu ses tableaux dans une technique à la fois architecturée et solide qui donne de la force à sa vision des choses. Quelle que soit l’audace de ses compositions d’aspect un peu chaotique, il ne perd jamais contact avec le monde visible. Il aime par-dessus tout les pierres grâce auxquelles les hommes ont bâts des chefs-d’œuvre comme ces cathédrales dont il fait des toiles presque maçonnées. Mandell. Avec ses amis Pelayo et Pollack, Yankel a acheté un village abandonné de l’Ardèche, La Beaume. Il en a tiré la plupart des tableaux exposés chez Romanes. Je l’aivu terminer on l’un d’eux dans s atelier de Charenton. On aurait cru voir les stalactites d’une caverne en face des dégoulinades de peinture qui coulaient de son chevalet. La nuit commençait à venir et l’artiste travaillait encore dans un extraordinaire fouillis, iné-puisable source d’inspiration, de fleurs fanées, de polichinelles et de poupées insolites… Comme Van Gogh peignant le Café d’Arles, Yankel, qui achevait de transposer sous mes yeux une récente vision nocturne, estime que la peinture ne s’arrête pas avec le jour. Cet amoureux de la sensation pure, qui sait l’importance du beau morceau pictural, possède dans un certain désordre plastique ce souci prédominant de recons-truire les choses, selon la leçon de son maitre préféré, Paul Cézanne. SlrereurieplPr1eceeldeuiOrx Celui-là aussi a subi l’influence féconde de son compatriote et père spirituel, Paul Cézanne. Son art est né sous l’emprise de la lumière provençale. Il a connu des heures dures, peignant dans sa jeunesse des toiles plus ou moins académiques qui ne se ven-daient guère : et puis, après la Libération, sans doute parce qu’il avait reçu è l’émotion choc » devant les compositions de son ainé et grand ami Bissière, peu à peu, sans aucun esprit de système, il a réussi le mariage heureux de l’abstrait et du figuratif. Le prix de la Critique 193 3 vint récompenser ses efforts en ralliant autour de lui des enthou-siasmes parfois inconciliables. Une puissance nouvelle, une vision originale caractérisent ses dernières toiles de Camargue. Il a trouvé moyen de recréer avec chaleur un paysage que d’autres ont trop dépouillé. La « Ma-nade s est un de ses thèmes de prédilection. Les taureaux, tout près desquels il vit pendant plusieurs mois, ne le déçoivent jamais. Ils mettent sous le ciel des taches sombres dont Sarthou ne se lasse pas. Il les intègre dans des ensembles de plus en plus dynamiques. Philippe Jullian (Galerie Pro Arte) Il a exprimé avec beaucoup d’esprit de finesse tous les sentiments éprouvés durant un récent voyage au Mexique. Il y a visité des églises au style churrigueresque. Son goût pour la ligne baroque a pu s’y donner libre cours dans la représentation d’autels aux formes tourmentées. Il aime les masques, les poupées, qu’il introduit souvent dans ses ceuvres. Son graphisme est celui d’un décorateur subtil dont la palette évoque parfois l’imagerie d’Epinal. Bordeaux Le Pecq (Galerie Stiebel) Sa peinture a le mérite de ne pas être celle d’une femme. Elle a passé par des mues qui lui furent toujours utiles. Après av subi oir quelque peu l’influence de Friesz et plus nettement celle de Jacques Villon, l’artiste dans ses paysages de Bretagne ou d’ailleurs commence à trouver une voie personnelle, sans se soucier des théories régnantes qui ont pu l’intéresser un moment. Dans la fermeté de son trait, on pressent ses qualités incontestables de graveur. Simone Le Bret (Galerie Palmes) Elle a montré un ensembe très attachant consacré à la Bretagne, à la Vendée, à la Provence aussi bien qu’à Paris. Elle se plaie à exprimer les différentes atmosphères des pays qu’elle interprète. Ses monotypes (un seul exemplaire) sont une conception toute neuve de la gravure en couleur, puisqu’ils sont pour la première fois réalisés sur Plexiglas avant de passer à la presse. Cette technique qui ne manque pas de puissance aura sûrement des imitateurs. Bordeaux Le Pecq, les Bateaux (Galerie S I). R. B.