EXPOSITIONS PAR REND ll 13.AROTTU Carzou : l’Apocalypse (Galerie David et Garnier) Ce peintre, à moins de cinquante ans, compte parmi les plus grands de la génération mon-tante. N’a-t-il pas, à trois reprises, été retenu par le jury du Prix Hallmark ? Ne fut-il pas désigné, il y a trois ans, parmi les e dix espoirs e de notre époque dans un referen-dum passionnant ? Je l’ai vu parfois au travail dans son bel atelier de la rue des Plantes. Carzou au travail. «ou, l’Usine (Galerie David et Garnier). Aquarelle de Ph. Jullian 92 Yankel fait une pause. Monotype de sonne Le Bref Deux mannequins masqués, une fugue de Bach lancée lentement par un pick-up créaient déjà quelque chose de cette mystérieuse ambiance que l’on retrouve dans toutes ses ompositions. Ce Méditerranéen, qui, sur ses livres de classe, dessinait en s’amusant lescaricatures de ses maitres, a passé par des phases surprenantes avant d’are l’actuel Carzou, celui qui, récemment à Bordeaux fut mêlé aux grands peintres fantastiques d’au-jourd’hui et d’hier : lemme Bosch, Arcim-boldo, Ensor, Redon: Max IU’est, Chagall… Il m’a montré des toiles qui, dès 193o, témoignaient d’une volonté nettement abs-traite et aussi certaines œuvres surréalisantes, passant de l’expression plastique d’un monde stratosphérique à des sensations de volumes et de formes presque érotiques. Le peintre fit, avant la guerre, un retour vers le monde visible. On vit naitre dans ses tableaux, alors en pleine pète, des personnages, des objetsinattendus, des nus échevelés se (s mêlant des lampes surannées. Dans l’ensemble important des tableaux qui a vu récemment défiler tout Paris chez David et Garnier, Carzou, de plus en plus attaché à exprimer l’indicible, traitait un vaste sujet l’Apocalypse n. il n’a pas, comme tant d’autres, pris son inspiration dans la Bible. Notre monde actuel lui a suffi. Il a montré toutes les machines aratoires, guer-rières, électriques qu’il contient. A travers ces usines atomiques, ces gares où les fils de transmission s enchevêtrent, ces canons curieusement entremêlés, l’artiste a traduit toute l’angoisse qui est la nôtre devant les progrès destructeurs de la science. De telles cuivres eussent été sans doute insup-portables àir si l’artiste, qui est aussi poète, n’avaitvo attendrises thèmes cruels en les (Izmit dans un cadre de nature toujours présente, verdoyante ou bleutée. Il a tempéré nsi son inquiétude en baignant ses scènes ai de la vie future d’une lumière très douce. Il a des ciels aux couleurs tendres qui mettent dans ses paysages fantastiques une lueur d’espoir. Plus il avance en àge, plus ce peintre dépouille sa composition, cherche l’essentiel, obtient, par la profondeur, une grandeur plastique très émouvante. Les personnages en sont exclus et pourtant il y a dans ses tableaux une incontestable présence humaine, celle-là même que nous avons rencontrée chez d’autres peintres paatCS Vicia OU Hcari Rousseau. N’est-il pas prodigieux d’obtenir à l’aide de ces lignes de force, curieusement mêlées, une telle vérité intérieure ? L’âge atomique des savants nous écrase, celui de Carzou est pour nous accessible parce que l’artiste, demeuré sensible, ne s’est pas laissé dominer par cette infernale machinerie. Yankel ou la Matière Somptueuse (Galerie Romanet) Il est né à la Ruche, Pilot insalubre de Vaugi-rard, où des peintres indifférents à la misère spi se nommaient Modigliani, Soutine, Chagall, Epstein, Kremegne, Kikoine, son