Hors-texte Son ordre d’arrestation signé par Robespierre. Son portrait, par Boulianl. Thérésia Calter,s a changé trois fois de nom, ayant épousé tour â tour un conseiller au Parlemente rnmarquisé en 1789, un fils de portier revenu trt membre deConvention es erea7:t% le nom de Tallien. Princesse, elle abdiquait son titre en faveur de son surnom Notre-Darne de Thermidor. sations de son amant. Pour l’encourager, elle rens. à lui faire tenir ce billet « L’administrateur de la police sort d’ici. il est venu m’annoncer que demain je monterai au tribunal. ,’oit -à-dire à l’échafaud. Cela ressemble bien peu au ré. que j’ai fait cette nuit t Robespierre n’existait plus et les prisons étaient ouvertes. Mais, grâce à votre insigne lâcheté, il ne se trouvera bientôt plus personne en France pour la réaction. » Ces quelques lignes, d’un style assez entortillé, sont, dans la pensée de celle qui les a écrites, le coup de fouet destiné à ti enlever it le cheval récalcitrant, à secouer Tallien dans son apathie désespérée. Sa tète est en jeu, et chez un jouisseur de cette sorte l’égoïsme prime tout. 11 se peut aussi que ce coup de cravache de sa maîtresse, l’image de cette chair ardente à reconquérir, de ces lèvres à reprendre, aient été l’aiguillon qui le jette, furieux, dans l’arène parlementaire. Tallien est un impulsif qui agit sous le coup de la passion l’image de Thérésia fui, certainement devant lui, hallucinante, durant toute cette journée du lendemain, 9 thermidor, oh leur vie à tous deux se joua en quelques heures. On sait ce que fut cette séance historique la Convention pleine à craquer, Robespierre toujours impénétrable, affectant un calme souverain, Fouché, Barras inquiets, rôdant au milieu des groupes, Tallien au comble de l’excitation, parlant avec de grands gestes et montrant un poignard « pour percer le sein du nouveau Cromwell ». 1,a lettre de Thérésia a fait son effet, le taureau mugissant est prêt à bondir. Ce sera lui qui mènera le jeu durant ces heures dramatiques, ce sera sous ses coups redoublés que Robes-pierre s’effondrera, ce sera lin enfin qui sonnera l’hallali en faisant décréter l’arrestation du « monstre o. Le lende-main, Robespierre, s’étant suicidé moitié, est porté tout sanglant à l’échafaud, ainsi que ses complices ; les prisons sont ouvertes et Thérésia est libre. De tous eûtes la joie déborde, on semble renaître à la vie. Plus .1…graphies GirouMm tel t, Souge, Cl d’appel quotidien des victimes, plus de tribunaux révolutionnaires. Et de leurs Cachettes surgissent cent mille suspects tout étonnés d’être encore en vie, osant à peine croire à leur libération. Cette allégresse universelle, nul, on s’en doute, ne la ressent plus que la jeune femme. Jusqu’au bout l’optimisme de sa jeunesse, son goût de vivre, son ardeur amoureuse lui avaient interdit le désespoir, mais dès qu’elle eut appris le triomphe de Tallien et de son parti, ce fut chez elle une explosion de joie. Ce lut e une exaltation de sou orgueil, car, du jour au lendemain, elle se réveilla célèbre. Le populaire savait, vaguement te rffe de providence qu’elle avait joué à Bordeaux, la générosité qu’elle avait manifestée à l’égard des prévenus et des suspects, l’âpreté qu’elle avait toise à sauver des têtes de la guillotine. Il n’ignorait pas les liens qui l’attachaient à Tallien, les suspicions que ces liens avaient fait naître dans l’esprit de l’Incor-ruptible. Cela fut souligné, mis e, évidence quand on vit le rôle joué par Tallien dans la thune du tyran. En hommage éperdu de reconnaissance monta vers le couple, et, le jour oit Thérésia sortit de prison, elle fut portée en triomphe par la foule qui l’attendait à la porte. La légende qui, lentement, s’était élaborée autour d’elle se cristallisa définitivement clans le nom dont on la gratifia Notre-Daine de Thermidor. A partir de cette heure, c’en est fini elle est et ne sera désormais pour les Parisiens que l’emblème de la bonté et de la liberté. Son image plane, radieuse, sur la cité, que l’on invoque aux jours d’angoisse. Sa beauté éclatante ajoute encore àces sentiments et les souligne une idole de cette sorte doit être aussi belle que bonne, et elle l’est en réalité. Aussi le peuple en est-il fier comme d’un être unique auquel il attache un grand prix. Quoi qu’elle puisse faire désormais, quoi que puissent lui inspirer ses caprices de femme à la mode, ses excentricités tapageuses, elle sera sacrée pour la population parisienne. JULES BERTAUT. 41