C .CLEOPATRE PAR JEAN COCTEAU de l’il.démie Irançaise J’ai vu la médaille où son nez ressemble à celui de la toute petite et très grande comtesse de Noailles : ce mystérieux bec d’un oiseau marin qui vise de haut et ne manque jamais sa proie. Avec son mil qui de profil avait l’air d’être de face, Cléopâtre devait être une jeune dame insuppor-table et irrésistible, mais aucune actrice interpré-tant son rôle ne consentirait à s’affubler d’un tel profil. Il faut donc croire que son pouvoir n’était pas d’ordre esthétique et qu’il émanait de sa personne une dangereuse phosphorescence sexuelle. L’anecdote de la perle dans le vinaigre le montre. Ce n’est pas le geste d’une reine que de prouver son luxe. Non. La médecine nous renseigne. Dissoute dans le vinaigre, la perle est un aphro-disiaque plus efficace que la mouche cantharide. Il importe donc de voir dans cette célèbre anec-dote la malice d’une nymphomane enragée. Sans doute faut-il chercher là le secret des cata-strophes que la légende s’opiniâtre à mettre sur le compte du mauvais oeil de l’Égypte. Jules César.