La Me impériale. Les broches tournent et In pièces montées s’alignent dans les cuisines, cependant eue la Cour insouciante de Napoléon III dine par petites table, sous les lustres en leu. Voici sur le trône de France la plus jolie femme qui s’y trouva jamais. Elle n’y sera point heureuse. En revanche, elle donnera à la cour des Tuileries une grâce, un éclat, une somptuosité encore inconnus sous ces voûtes dont le funeste pouvoir semble maîtrisé. Les rumeurs de la fête impériale se répandent à travers l’Europe. Ce ne sont que bals, concerts, réjouissances chaque jour renouvelés. L’Impératrice qui voue un culte à Marie-Antoinette ressuscite sa silhouette. A la place des manches gigots, symboles de la monarchie bourgeoise, surgissent les crinolines, emblèmes de la prospérité du régime et de la puissance féminine. Les cercles cha-toyants, surbrodés, atteignent cinq mètres de tour. Certain soir, l’archevêque de Paris aura de la peine à se frayer un passage à travers ces monuments. Une dame s’excuse : « Il faut tant d’étoffe pour nos robes I… — Qu’il n’en reste plus pour les corsages, répond le prélat en souriant. » Les coquettes accourent du bout du monde afin de copier les modèles a lancés » aux Tuileries. Paris a saisi le sceptre de l’élégance qu’il n’aban-donnera plus. Le 16 mars 1856, le château s’éveille encore une fois dans le fracas des canons et de l’enthousiasme populaire. Le Prince Impérial est né ! Napo-léon III hors de lui embrasse tous ceux qu’il rencontre, les Parisiens exultent. Comme pour le roi de Rome, comme pour le duc de Bordeaux. A son tour, la race du fils d’Hortense semble assurée de traverser les siècles. Aussi Napoléon III le Bâtisseur n’hésite-t-il pas à entreprendre de gigantesques travaux. En cinq ans il parachève la réunion du Louvre aux Tuileries vainement ébauchée depuis trois siècles. Le vieux pavillon de Flore est reconstruit. Au château même l’architecte Lefuel crée un escalier à rampe de fer forgé et une série de salles qui occupent l’emplace-ment de la dernière terrasse, vestige de l’ceuvre de Philibert Delorme. Le cabinet de l’Impératrice se compose de deux pièces que réunit une