dans sa chambre solitaire où elle laisse toujours des bougies allumées pour chasser les revenants. C’est le 20 mars 1811 que les Tuileries vivent l’heure la plus exaltante de leur longue histoire. Pour la première fois un Enfant de France y est né. Et quel enfant I Celui qui assure la pérennité de la dynastie napoléonienne, du fabuleux Empire. Une multitude en délire assiège le château, Napoléon parait à la fenêtre et laisse couler ses larmes. Trois ans après, le roi de Rome fuira les Tuileries sous les regards hostiles d’une cinquantaine de curieux. 1814 La Monarchie rentre ! La fille de Louis XVI, devenue la duchesse d’Angoulême, s’évanouit en retrouvant le palais où elle vécut tant de journées atroces. Louis XVIII, extraordinairement imposant malgré son embonpoint et sa goutte, reçoit dans la grande antichambre ses fidèles éperdus, puis se montre au balcon qui vit Napoléon pleurer de joie. Il salue la foule avec un sourire paternel, mais articule entre ses dents « Les jacobins, les scélérats, les monstres !… » Il gagne le « cabinet intérieur », s’amuse de la profusion d’emblèmes bonapartistes et cite La Fontaine « Il aurait volontiers écrit sur son chapeau C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau. On s’affaire à effacer les témoins d’un passé qui, officiellement, cesse d’avoir existé, à imposer partout la marque des Bourbons. Le plus difficile est de se débarrasser d’une statue colossale de Napoléon, oeuvre de Canova. Heureusement un acquéreur se présente c’est le roi d’Angleterre I Au bout de quelques semaines les Tuileries attestent par leur aspect que Louis XVIII commence vraiment la vingtième année de son règne. Brève euphorie ! Le Io mars 1815, après un dîner de gala offert à l’ambas-sadeur d’Espagne, le roi reprend le chemin de l’exil. Le lendemain, à midi, le drapeau tricolore reparaît sur le dôme central. Au crépuscule, la Cour impériale reconstituée reprend possession du château, arrache les fleurs de lys. A neuf heures, surgit une chaise de poste enveloppée de cavaliers hurlants. L’Empereur « poussé, tiré, porté de bras en bras jusqu’au péristyle, est happé par ses officiers qui tentent de l’entraîner vers les marches ; mais… une terrifiante bousculade s’immobilise en un tel entas-sement que la vie de l’idole est en danger… Napoléon… se laisse porter, les bras en avant, les yeux fermés, un sourire fixe aux lèvres (r) ». Encore une nuit délirante, encore des lendemains amers. Dès le 8 juillet, les Tuileries revoient Louis XVIII qui s’applique à reprendre son rôle comme s’il n’y avait pas eu les Cent Jours. Le roi veut ignorer de même les Prussi ens campés au Carrousel et leurs canons tournés contre le château. Admirable sérénité qui intimide l’occupant et prépare la « restauration » du pays. Au château le cérémonial est rigide. Chaque matin les courtisans viennent entendre Sa Majesté faire des mots d’esprit tandis que la duchesse d’Angou-lême tricote silencieusement à ses côtés. Le dimanche, le fauteuil roulant du roi avance entre deux haies de dignitaires auxquels sont adressées des paroles invariables. Le déjeuner est à dix heures. Les plats montent solen-nellement des cuisines, escortés par des gardes du corps. Il y a généralement une dizaine de convives. Le roi leur offre des deux meilleurs plats et leur envoie des verres de vin de Chypre ou de Malaga. A dix heures et demie, il regagne son cabinet. L’arrivée de la jeune duchesse de Berry apporte un peu d’animation et de joie aux mornes assemblées de la famille royale. Hélas ! le maléfice des Tuileries s’exerce de nouveau, le duc de Berry meurt assassiné. Pourtant, le 28 septembre 18zo, on pourrait croire le sort conjuré. A deux heures du matin, la duchesse de Berry est prise de douleurs qu’on n’attendait pas si tôt. Le chassé-croisé du 20 mars 1815. Le départ Ou roi Louis XVIII (l) Semées Lenôtro L’ euEmt lieu avant min., aputts milieu des gardes natlenaux en rmes. pereur rentra la nuu ivante. Seulement pour cents! ours. 13