pays aurait l’orgueil d’entretenir — il sera déçu et probablement indigné… Il se présentera tout d’abord au ministère de l’Air, boulevard Victor, et, se fiant à une miteuse pancarte portant les mots prestigieux de Musée de l’Air, frappera à une porte voisine du monte-charge. Il sera accueilli par un aimable conser-vateur, aérostier célèbre, Charles Dollfus qui, invoquant avec embarras les nécessités d’une administration envahissante, ne saura que déplorer la disparitions de son musée._ Il se peut que par faveur spéciale le visiteur obtienne alors d’être emmené à Chalais-Meudon dans le hangar où sont entassés les trésors errants des ailes françaises. Le spectacle en vaut la perrine ; vous étreint comme la brusque révélation d’une époque thmt. l’héroïsme et la poésie jaillissent pêle-mêle dans le taudis d’un extraordinaire grenier à souvenirs. Sous des bâches ou des papiers de journaux, pendus à la charpente métallique du toit ou enche-vêtrés les uns dans les autres apparaissent, au hasard de la découverte, les appareils qui ont marqué les étapes de la plus magnifique des conquêtes ; la Demoiselle de Santos-Dumont, un des monoplans de Blériot, et le Morane-Saulnier qui franchit la Médi-terranée,isinent avec les premiers avions de grands raidsvo qu’on est tout étonné de retrouver là les vainqueurs de l’Atlantique, enrubannés de tricolore, surchargés de dates comme des drapeaux : le l’oint d’Interrogation, l’Oiseau Canari… Les bambous et la toile côtoient l’aluminium des derniers prototypes. Un Trident permet de mesurer le chemin parcouru depuis les a cages à poules in de 1914-1918. Ailleurs, des nacelles de dirigeables, des ancêtres de l’hélicoptère, des moteurs, des hélices et une collection unique de maquettes que le conser-vateur accroit oc fur et à mesure de ses crédits… Car ce hangar vit enepri• : un personnel de quelques hommes, dé, inénéi iitent — s’elTorcent de lutter contre la poussière et l’humidité, de restaurer les appareils, de remettre en état les moteurs, tandis que Charles Dollfus se fait attribuer de nouvelles pièces, dans l’espoir qu’un jour le Gouvernement mettra fin au scandale… Mais que peut-on espérer, alors qu’un autre musée, celui des Travaux Publics, place d’Iéna, qui constituait lui aussi un des plus prestigieux panoramas de l’activité française, vient d’être supprimé d’un trait de plume… pour faire place au Conseil de l’Union française qui se trouvait auparavant à Versailles ; alors que les belles maquettes animées qui évoquaient les grandes réali-sations de nos ingénieurs connaissent à leur tour l’exil. Sept hommes autour d’une table. Ces appareils sont, qu’en le veuille ou non, les ancêtres des grands racers qui tillonnent tous les ciels du monde: des Super-Constella hies américains, des Illiouchine soviétiques, des èiô•ôii nt britanniques. Ili les honnisses qui leur ont loi iii•isim pl r leur premier bond dans l’espace des ii:&•rit tr, iu ternationalcinent glorifiés. Certains d’entre eus vivent encore. Mais leur gloire, comme les vestiges du musée de l’Air. est recouverte d’une épaisse couche de poussière. to,minés en un in dernier carré ni autour d’une table tin rallume une fois par an leur passion commune, ilt tendent que l’âge les décime. Parmi eux figurait, il s à lieu de temps encore, Louis Breguet ; aujourd’hui te retrouvent Maurice et I-Ienri Farman, Gabriel A pisin, Robert Morane, René Caudron, Léon Ba thia t, président des Vieilles Tiges (auxquels il faudrait ajouter des isolés comme Henri Fabre, inventeur de l’hydravion, et Robert Esnault-Pelterie). La plupart. de ces survivants ont en quelque sorte déjà perdu la moitié d’eux-mêmes, puisque, par un fait étrange, presque tous les promoteurs de l’aéro-