Un million d’hectares de réserves. Le résultat de cette politique est qu’il existe dès maintenant en France près de ro 000 réserves dont un millier approuvées par le ministère de l’Agri-culture, c’est-à-dire instituées pour six ans. Elles sont, pour la plupart, l’oeuvre de fédérations départementales de chasseurs ou de sociétés communales ; mais les plus importantes, aménagées à la suite de décrets ministériels, sur des terrains appartenant à l’État, sont dites nationales et se répartissent en quatre catégories : les unes destinées à la protection des oiseaux migrateurs et du gibier d’eau ; les autres au gibier de plaine, de bois et de montagne : immenses espaces où les animaux trouvent à la fois la tranquillité, la sécurité (grâce à une surveillance étroite et à la destruc-tion des « nuisibles s), la nourriture (au besoin assurée par des cultures spéciales) et l’eau ; où ils vont, d’instinct, chercher un refuge en cas de danger. C’est ainsi que, tout au long des 27 départements côtiers, et jusque dans les terres, des plans d’eau et de vastes étendues comme la Camargue permettent aux oiseaux migrateurs — si nombreux à passer au-dessus de la France — de faire escale ; que les cinq mille hectares du parc de Chambord abritent plus de six cents cerfs et biches et de nombreux chevreuils ; qu’à Belval, dans les Ardennes, le cerf est, sur l’initiative de François Sommer, lentement sélectionné ; qu’au Pic d’Ossau et dans la réserve pyrénéenne de Burrus, les isards, les grands coqs et les lacopèdes se multiplient ; que dans les Bauges et à Mercantour, dans les Alpes, vivent en paix les chamois, les marmottes, les perdrix blanches et, très haut sur les cimes frontalières, ces seigneurs du rocher, les bouquetins. Des réserves aux terrains de chasse. Par quel processus ces parcs zoologiques, menacés de surpopulation, mais où ne pénètre aucun fusil, peuvent-ils servir les intérêts de la chasse ? Le gibier est réparti dans les régions où le tir est autorisé de deux manières : par rayonnement, chaque animal ayant besoin d’un espace vital déterminé qu’il ne peut plus trouver, à partir d’une certaine densité, et qu’il va chercher ailleurs ; et par la méthode des reprises : opération consistant à capturer des couples dans les réserves pour les relâcher dans certaines chasses déshéritées. Le gibier est poussé vers des filets et mis délicatement en caisses après avoir subi, s’il le faut, des piqûres calmantes. Dans le seul parc de Chambord, il a été repris en 1956: 95 cerfs, rio biches, 2 cerfs Sikas, 69 chevreuils et 26 mouflons. En Alsace et, dans une proportion beaucoup moindre, en Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, r soo lièvres ont été repris et redistribués à travers la France.