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TOUT juste séparée du continent par un étroit bras ale mer, ayant l’Afrique à ses pieds, l’Espagne à sa gauche, l’Asie à sa droite et l’Europe au-dessus d’elle, la Sicile, au plein cœur de la Méditerranée, était prédestinée à accueillir successivement ou simultanément races cr peuples, religions et civilisations. Embouteillée de légendes et d’histoires, cette île quelque peu sorcière passe son temps à dérouter celui (ou celle) qui la visite pour la première fois. Elle n’est que contrastes et contradictions, oppositions et combats. Il y a dix, vingt Siciles en une seule. Aussi, au moment où vous l’abordez pour y rester deux semaines, n’aurai-je pas la témérité d’essayer de vous donner d’elle une a idée d’ensemble s. Certes, il faudra voir — et bien voir — Palerme et Syracuse, Ségeste, Agrigente, Sélinonte ; il faudra entrer, les yeux grands ouverts, dans les églises à mosaïques des rois normands ; il faudra aussi, de Catane et de Taormine, oser contempler l’Etna, et — si toutefois l’on ressent pour ce genre de sport un goût, selon moi, pervers — entreprendre l’endurante ascension de ce monstre sacré. Mais ce ne sera pas là connaître la Sicile. On ne tombe pas du ciel à Enna ou à Ortygie, à Erice ou à Cefalù. Il faut s’y laisser conduire par les paysages, d’étape en étape, de détour en détour. 1S Bien qu’elle soit la plus grande des îles de la Méditerranée, l’antique Trinacria n’est point immense. Pour aller de Palerme à Syracuse, pas plus de no kilomètres ; à peine davantage pour aller de Messine à Trapani ; et ce sont des distances insignifiantes qui séparent les villes du littoral des villes de l’hinterland Enna, „l’ombilic de la Sicile s, est à e go kilo-mètres de Syracuse, à 15o kilomètres de Palerme, à loci kilo-mètres d’Agrigente. è On peut très bien, en quatre jours, voir tout ce qui mérite d’etre vu en Sicile… s, affirmait péremp-toirement l’un de ces touristes qui ne voyagent que pour battre des records. Mais, Amicie, vous qui savezce que vaut è le temps perdu griice à la petite Fiat qui vous attend sur le quai (regardex-la, elle est rouge d’émotion…) vous n’aurez pas, au bout de vos deux semaines — répétons-le — tout VU ; mais, de ce que vous aurez vu, vous n’emporterez point une esquisse hàtive, vite effacée ; ce sera un beau portrait, digne, par ses qualités de ressemblance et de fidélité, de prendre dans votre mémoire une place inamovible. Cela dit, voici ce que je vous propose vous trouverez ci-après, pour vos quatorze jours, quatorze itinéraires. Une sorte de promptuaire. Je vous offre la cire d’un rayon aux alvéo/ es vides ; le vous de les emplir de miel !
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