L’automate périt à New-York clans un incendie. On n’en fabriqua plus. Si Léonard de Vinci, (lopin, Franklin et Cecil Rhodes furent parmi tant d’autres des joueurs d’échecs passionnés, il faudrait citer aujour d’hui, parmi les personnalités les plus en vue pour d’autres raisons, M. Molotov qui s’absorbe en d’interminables parties intérieures lorsqu’il ne veut pas écouter des discours qui l’ennuient. Le célèbre dur du cinéma américain, 1 lumphrey Bogart, est mort entre une bouteille de whisky et un jeu d’échecs, offert par Hemingway. Le metteur en scène Jean Delannoy est un excellent joueur. Pour Jean Rostand, les échecs sont une 2 incomparable diversion de l’esprit Le dramaturge d’avant-garde, Samuel Beckett, a emprunté aux échecs, jeu qu’il pratique souvent, le titre de sa dernière pièce l’in de partie. Le jeune violoniste Robert Piaula, premier prix du Conservatoire à onze ans, emporte toujours avec lui une bibliothèque échiquéenne complète quand il part en tournée de concerts. Enfin, le Russe Taismanki, pianiste virtuose de réputation interna-tionale, est un des meilleurs joueurs du monde. Les championnats et leurs vedettes. Entre une partie amicale et une partie de championnat, la différence est grande. Si l’on songe que la durée moyenne d’une partie de tournoi est de cinq heures, que la même concentration doit être exigée pour chaque rencontre, que la compétition dure parfois quinze jours quand ce n’est pas un ou deux mois, il faut avoir une santé de fer. Aussi de fort brillants joueurs n’obtiennent-ils pas les résultats qu’ils sont en droit d’escompter, parce qu’ils n’ont pas la robustesse nécessaire. D’autres ne peuvent se plier — soit parce qu’ils ont une profession en dehors des échecs, soit par manque de sérieux — à la discipline draconienne et au repos qu’exige la préparation physique d’un tournoi. Le célèbre Alhékine était une force de la nature. Il dut en grande partie à sa résistance de devenir un champion mondial. Tandis que ses rivaux préparaient les tournois par des vitamines et douze heures de sommeil, Alhékine s’enivrait et mangeait comme un goinfre. Mais son cas est unique. Alhékine mourut d’ailleurs en 1942, victime de sa voracité il s’étouffa en avalant une cuisse de poulet. Le temps semble révolu où Philidor, officier de cavalerie et auteur de quinze opéras-comiques, pouvait se permettre d’être un champion dilet-tante. Le grand joueur doit être un professionnel. Capablanca fut une des rares exceptions. En 192o, il cumulait les titres d’ambassadeur de Cuba à Londres et de champion du monde. Mais c’est une chose cou-rante dans les petites républiques d’Amérique que de nommer à l’étran-er les figures les plus représentatives du pays. Capablanca, déchargé de ses fonctions par un conseiller, disputait tout au long de l’année les grands tournois de La Haye, de Venise, de Moscou ou de Hastings. Aujourd’hui la situation de champion en Europe est très précaire. L’année dernière est mort à Paris le ‹, grand maitre a Tartacower, que les débutants connaissent pour avoir lu son manuel le Bréviaire des échecs. Tartacower, un des plus forts joueurs du monde, vivait presque Tr9, pinces .ennes. De. gouche à droite , reine en bambou anglais afOétttt)’,‹ en avouebois de (gseCedeeee Sur la page de gauche : « une simultanée ». Scherbatow lutte contre quinze adversaires qu’il battra tous. Les Russes sont les spécialistes de ce t sensation fiatteuse »cÎtereorerteeVeatnec’enVo’n’. Les grands professionnels parcourent le monde et sont un soir M on a Amsterdam, endmin , suriendemain â New-ab Pour dnerle l des e « simultané es omer f.l Spectacle passionnant. Tartacower peu avant sa mort. Son influence sur la théorie du jeu est considérable. Il rothe’eas’nés-romantiques ‘e r: ‘et ‘r,ràx,J, des échecs P. Il écrivait, d’autre part des essais spiritualistes et théosophiques. Tour en corail. marbre jaune de Sienne et marbre noir, appartenant à un jeu italien. • en clochard. Hébergé par un cercle dont il balayait tous les matins lé MOI plancher recouvert de mégots, adulé l’après-midi, il gagnait miséra-blement quelques centaines de francs en mendiant avec hauteur des leçons mal payées. Toujours vêtu du même complet marron démodé, usé jusqu’à la corde, son plastron maculé cachant l’absence de chemise, Tartacower était une sorte de personnage à la Dostoievsky, s’épuisant: à vivre pour un rate dm, il était le seul à comprendre la grandeur. Le paradis des échecs. Si le joueur européen se doit d’être une espèce de mystique et s’il ne s’accommode pas toujours d’une gloire qui ne se monnaye pas, si en France les futurs champions sont aussi nombreux que les futurs ratés, il existe des raisons sociologiques à cet état de fait. Ce sont les mêmes raisons qui font de la Russie le dernier 2 Paradis terrestre » des échecs. Botvinik et Smystov, les principaux joueurs russes, peuvent non seule-ment se consacrer uniquement aux écnecs, mais l’Etat leur offre à chacun une voiture et une villa à la campagne. Leur gloire est telle qu’elle dépasse celle des actrices de cinéma. Lors des dernières 2 Olympiades », des milliers de spectateurs vinrent assister aux parties figurées sur des échiquiers géants qui pouvaient être vus à plus de deux cents mètres. En 1949, une jeune Française, Mme Chaudé de Silans se rendit à Moscou pour y disputer le titre mondial féminin. Elle l’aurait remporté si la fatigue ne l’avait pas trahie dans les dernières rondes. Des hebdomadaires 15