ET SES QUARANTE ROMANS 2 QUARANTE romans, les souvenirs d’autant de voyages, presque autant de projets, un habit d’académicien, une immense gentillesse, l’amour de l’histoire, une femme charmante et tout le bleu du golfe de Gascogne, voilà ce qu’on découvre dans cette villa basque dont le nom seul est assez révélateur : « Allegria ». Allegria avec un A, bien sûr, puisqu’il s’agit de Pierre Benoit. Ce fut plusieurs années après son mariage qu’il s’installa à Saint-Jean-de-Luz. Jusque-là il avait mené la vie vagabonde de ses héros, passant avec eux du palace au campement dans le désert, de Zanzibar ou de l’île Maurice à l’une de ces demeures atlantiques perdues dans les pins et les eaux, où toujours souffle le vent qui attise les passions. Son appartement à Paris lui servait exactement de pied-à-terre. Il lui était impossible, il lui est toujours impossible, d’y écrire. Tout au plus peut-il y rassembler les documents d’un passé dont le romanesque l’emporte souvent sur la fiction. « Le roman est fait pour rendre la vie vraisemblable », dit-il, et il ajoute : « Le roman honnête supprime le hasard. » 43