GRANDES VENTES PAR RAYMONDE WILFIELEM A LA GALERIE CHARPENTIER Le tableau le plus cher du monde, la c Nature morte aux pommes », 1901, de Gauguin, adjugé 104 millions, a été vendu à Paris. 1.E programme des ventes aux enchères est presque semblable à celui des études scolaires. Les vacances sont un peu moins longues, on ne sort 2 qu’a la fin de juillet pou e rentrer o en septembre, mais, prati-quement, la saison se termine les derniers jours de juin et ne débute qu’en octobre. Mais s’il faut attendre la fin de juillet pour établir un bilan exact des activités conjuguées de l’Hôtel Drouot et de la Galerie Charpentier, en revanche, nous connaissons le total des onze ventes qui ont eu lieu au Faubourg-Saint-Honoré du z1. mai au 23 juin ; il est très brillant : 1 milliard z3 millions. Dans ce chiffre figurent les 124 millions donnés pour le tableau le plus cher du monde : la Nature morte aux pornmn, de Gauguin, comme aussi les i 440 000 francs versés pour deux manuscrits des Illuminations, d’Arthur Rimbaud, préemptés par M. Julien Cain pour la Bibliothèque nationale. Ce sont les deux faits saillants qui se dégagent d’une série de vacations très réussies dont le nombre ne cesse d’augmenter. Nous avons choisipour nos lecteurs quelques-uns des tableaux dont on a le plus parlé. La r, Nature morte aux pommes » a été achetée par l’armateur grec Baril P. Goulandris. M. Baril P. Goulandris, armateur grec de très vieille souche athénienne, qui contrôle avec son père une flotte de quatre-vingt- quinze bateaux, pétroliers, cargos et char-bonniers, naviguant entre Aden, Londres et Hambourg, habite New-York. Il se trouvait à la Galerie Charpentier lors de la vente de la collection de Mrs. Margaret Thompson Biddle, le 14 juin. Il avait jeté son dévolu sur la Nature morte aux pommes pour l’ajouter à la collection très belle qu’il possède outre-Atlantique. Il s’est trouvé en compétition avec deux de ses compatriotes amateurs d’art comme lui : MM. Niarchos et Frangopoulo, mais il a mené lui-même les enchères et c’est son bras, et non celui d’un intermédiaire, qui s’est levé en signe d’assen-timent lorsque Mn Rheims a prononcé le chiffreénorme de 504 millions. On a beaucoup parlé de cette enchère hors classe. On a dit que l’armateur n’avait pas l’intention de dépasser 7o millions, mais que n’a-t-on pas dit ? En fait, beaucoup se sont scandalisés de l’énmité de la somme, sans réfléchir or qu’elle serait intégralement versée à la fon-dation newyorkaise Margaret Thompson Biddle (comme les zoz autres millions recueillis pour cette collection). Or cette 62 fondation distribue des capitaux à des œuvres charitables existant en Amérique, en Europe et particulièrement en France. Il n’en reste pas moins vrai que certains tableaux modernes, qu’ils soient signés Gauguin, Van Gogh, Cézanne, Manet, ne valent une somme plutôt qu’une autre qu’en fonction seulement de l’ardeur de grands collectionneurs richis-simes à se disputer des chefs-d’œuvre. La tâche des experts va devenir singuliè-rement difficile. Gauguin n’avait pu vendre cette toile. La Nature morte aux pP/O/Ott (il faut bien s’intéresser au tableau, puisque que nous avons parlé de son prix et de son acquéreur) a été peinte à Tahiti en 19o1. Gauguin en exécuta une seconde, un peu différente. L’une était de tonalité bleue, l’autre de tonalité rose. Elles ne trouvèrent pas d’acquéreurs. Il y a trois ans, la galerie Wildenstein de New-York vendait ces toiles pour 28 millions, l’une à Mrs. Margaret Thompson Biddle, l’autre à Émile Buehrle. La nature morte rose, dont le prix, si on l’aug-mente des frais, atteint lao millions, c’est-à-dire le chiffre le plus haut enregistré dans une vente publique en France ou à l’Étranger pour un tableau ou un objet d’art, restera exposée à la Galerie Charpentier avec les Cent chefs-d’autre de l’art français jusqu’à la fin de septembre. Voici le tableau des principales enchères obtenues ce jour-là pour les toiles de la collection Thompson Biddle et également pour des tableaux Cette petite élude de Renoir pour le bébé à la cuiller représente le ph, jeune des trois fils du peintre. Claude, queson père a peint plus saurent que ses frères et que tout le monde cannait sous le nom de Coco. La seconde génération des Renoir comprend ou autre Claude cameraman, mais Coco, lui, devint céramiste. Ce portraitde bébé adjugé 3 300 000 francs paieraune partie de la maison de Renoir à Cagnes è Les Collettes ». Un collectionneur parisien, M. Gan-gnat l’a confié à Me Rheims pour le vendre à la galerie Charpentier afin que son prix soit versé au Comité Renoir qui transformera la maison du ,mitre en ON séjour de travail pour beaucoup de jeunes peintres français et étrangers. modernes appartenant à divers amateurs, vendus par ordre alphabétique de nom d’auteur, soit un ensemble de tue tableaux, payés 441 millions. GAUGUIN – Nature morte aux pommes et aux raisins, 1889, huile SUI toile (o m. 49 X 55) 33.300.00o Paysage d l’arbre rose, Pont-Aven, huile sur toile (0 m. 61 x o m. 73) 4.000..0 Renom – La Masquée d Alger, 1882, huile sur toile (o m. 49 X 0 m. 6o) . 22.000.000 Jardin des Collettes, huile sur toile (o m. té x o m. 29) .3oo.000 611011# for am divan, 1893 (0 M. 29 X o m. 430 Elude pour le bébé à la cuiller, huile sur toile (o m. 17 x o M. 1.4) 3.32.o.o00 Ce très beau et chaste è nu allongé sur un divan è est une aulne indiscutable de Renoir, bien qu’elle ne soit pas signée. Elle faisait partie de la collection de Mrs. Margaret Thompson Biddle dont Renoir était le peintre de prédilection. Il avait beaucoup d’admirateurs le soir de l’expo-sition aux chandelles beau/ ce ravissant tableau et parmi eux un vieux Monsieur qui, après avoir consciencieusement dessiné te joli corps, notait chaque louche de (Welmr. Un 111,011 du peintre ou un amoureux Dardf I du modèle? Ce très petit panneau de Boudin (o m p1 xer e 49) aété adjugé le prix astronomique de :13800000 f Il faut dire efii représente des groupes de crinolines et de Messieurs en chapeau de paille et veston d’alpaga se blottissant contre les calottes de bois montéessur roues de la plage de Trouville en 1864. Ce rouas est celui qui plaît min particrdièrementchez cet artiste. Les prix donnés ne peuvent subir de comparaison ac ceux obtenus pour les voiliers les mieux mités et /es plus séduisantes latentes des bords de la Touques. Tel est le prestige de la crinoline !