P II I< I Ii H I Ir n / I O. Men, 1.e. Sudrs. MAITRE DE MOULINS. Portrait présumé de Marguerite d'Autriche. AU MUSÉE DE L'ORANGERIE La collection Lehman Robert Lehman, le banquier de New-York, n'a pas hésité, pour la grande joie des amateurs français, à faire traverser l'Atlantique aux chefs-dbruvre qu'il possède. Pour eux, le cadre de l'Orangerie des Tuileries fut transformé. On a en effet installé ces tableaux, ces sculptures, c. objets d'art d'hier et d'aujourd'hui exactement comme s'ils n'avaient pas quitté l'appartement de leur propriétaire. Ce dernier n'appartient pas à la catégorie banale des amateurs américains achetant telle ou telle pièce maîtresse en se basant sur les fluctuations de la mode. S'il a quelques tableaux modernes, ceux-ci ne sont pas abstraits, ils sont signés : Renoir, Gauguin, Seurat, Modigliani, Matisse ou Van Gogh. S'il possède un admirable dessin de Suzanne Valadon Jeune femme se lavant le pied, cette œuvre peut voisiner ici av. une Vierge à l'enfant attribuée à Hugo Van Der Goes, exécutée vers 45o. C'est ans plus grands anciens que ce collectionneur d'au-jourd'hui accorde sa préférence. Son père, Philippe Lehman, acheta déjà, longtemps avam la dernière guerre, des italiens, d. flamands, des hollandais et des français. N'a-t-il pas acquis de bonne heure ce portrait de femme de Paolo Uccello, ce retable de Giovanni di Paolo, ces Memling et un des plus beaux Goya qui existent, la Comtesse d'Altamira, cela à une époque où l'inou-bliable auteur de la Mais, vestida n'était pas encore recherché ? Peu à peu, le père et 60 le fils constituèrent une des collections les plus belles du monde. Es v ajoutèrent des ■rue rus aussi capitales si. ce Pétrus Christus représentant Saint Eloi orfeme, des Bellini, des Botticelli, dus Cranach et, parmi les Français, un extraordinaire Maitre de Saint-Gilles, la Madone à l'Enfant, sans oublier un des plus importants tableaux du xve siècle : le portrait présumé de Marguerite d'Au-triche par le Maitre de Moulins. Pour les .Anciens, Robert Lehman s'adressa à des critiques très avertis, Lionnelo Venturi entre autres, et surtout Bernard Berenson qui fut son maitre en histoire de l'art. Pour les modernes, il frappa bien souvent à la porte de Vollard. Agrémentée de bijoux italiens ou allemands, de tabatières, d'émaux peins, de majoliques, de céramiques persanes, d'aquamaniles, de ces fontaines en forme d'animaux que les gens du moyen âge utili-saient pour leurs ablutions, cette collection, également enrichie de tapisseries et de meubles, est sine des plus éclectiques qui soient. On y regrette d'autant plus la présence de tableaux très moyens corn.: le portrait de Gérard de Lairesse appartenant à la dernière période de Rembrandt. L'art ancien (Pavillon Tdcehitcaulaonv)aqu ie Pour la première fois, plus de de. rem Le reliquaire de saint Paul, cuivre doré. Palais de l'Archevêque de Prague. slovaquie ont passé le rideau de fer et demeureront pendant quelques semaines encore au Pavillon de iâlarsan. Il y a là un magnifique ensemble de joyaux, d'ivoires, de terres cuites paléolithiques exécutées souvent par ces hommes fossiles reproduisant par la gravure les animaux ou les femmes qui faisaient partie rie leur vie. Parfois leurs sculptures modelées dans la glaise ont un aspect monumental digne d'émouvoir les plasticiens de notre temps. Plus tard, l'In-fluence byzantine marquera l'ordonnance des églises tchèques. Cet art du me au xve siècle connaitra les m moyens d'expression que le nôtre. Il seraénses tour à tour roman et gothique. On a souvent noté l'influence des Italiens et des Français sur les Tchèques. Il ne faut pas l'exagérer. Ceux-ci ont eu leurs génies créateurs propres. Que penser en effét de l'admirable Théodorik ? Travaillant à Prague vers 156o, il exécuta une série de Saints et de Pères de l'Eglise dont l'audace fait déjà songer ànos plus grands expres-sionnistes modernes. Rodin et ses amis (Musée Rodin) Pour célébrer le quarantième anniversaire de la mort d'Auguste Rodin, Mme Gold-scheider a eu l'intéressante idée de réunir dans cet hôtel Biron que l'auteur du Baiser légua à la France, tout près du Victor Hugo, du Balzac, de la Porte de l'Enfer, une centaine dbruvres exécutées par ceux qui furent les disciples ou les amis du Maître. Il y a d'abord les précurseurs, Barye et Carpeaux, que Rodin vénérait. Il y a aussi ses collaborateurs Dejean, Desbois, Drivier, Maratka Lucien, Schnegg, et surtout trois grands artistes contemporains : Bourdelle, Despiau, Pompon, qui, avant d'entrer dans la gloire, furent utilisés comme ii praticiens », parfois modestement appointés par Rodin. Portrait de R. M. Rilke, par Clara Rilke-Westhoff. Il y a enfin les amis, Joseph Bernard, Chape, Claudel, Dalou, Maillol, aussi clas-sique que le Maître fut romantique, ce qui n'empêchait pas ce dernier de déclarer devant la s Léda s s Je ne connais pas, dans toute la sculpture moderne, un morceau qui soit aussi absolument beau. L'exposition prouve que, tout compte fait, même en im7, l'auteur répudié du Bakac demeure le plus grand créateur de la sculpture moderne.