11 I. I I I X LA LOI DU SEIGNEUR (B). Comédie américaine de mœurs, en couleurs, d’après le roman de Jessamyn West (•). tt Palme d’Oro au Festival intermaiional de Cannes, 1957. — CADRE – L’État américain d’Indiana, au temps de la guerre de Sécession. Stx9cr — La vie d’une honnête famille quaker, dont le mari est un pépiniériste réputé et la femme… le pasteur apprécié de la communauté confes-sionnelle dont le ménage fait partie. RÉALI-SATION – Billy Wilde, intelligence, finesse, gentillesse… INTERPRÉTATION – Ensemble parfait, du vétéran Gary Cooper tout en nuances à l’énergique Dorothy McGuire, en passant par la tcuculente Marjorie Main et k jeune Anthony Perkins, qui a une vraie s présence i… Quant à l’oie Semantha, elle ne craint personne pour l’autorité, le métier et le sens de l’humour. Dieu veuille lui épargner les affres de la broche, en récompense de mn mérite !… Non: – Film charmant, frais, malicieux, plein d’invention et de drôlerie basées sure observation juste et toujours en éveil. L’adunresse et le savoir-faire de Wilder se donnent ici libre carrière pour croquer au vol et sans avoir l’air d’y toucher mille détails plus pittoresques et plus savou-re& les uns que les autres. C’est un humour d’une excellente qualité. Malheureusement, la fin n’est pas de la même veine. Dès que l’on voit la famille Birdwell aux prises avec la guerre qui vient perturber sa quiétude et son pacifisme de principe, le ton devient subitement lourd, empêtré dans le sérieuxe , le grave, le dramatique, le cas de conscienc.. J’admets fort bien que le sujet par lui-même ne prêtait pas au badinage mais alors il fallait s’y prendre comme l’habile auteur du livre ne faire qu’une très brève incursion sur ce terrain brûlant, sans perdre le sens rie l’ironie voilée d’ailleurs, et passer… En vou-lant sans doute relever le ton de son ouvrage par de graves considérations sur le droit de tuer et celui de se dérober au devoir de la défense commune, Wilder a nui à la fantaisie de cet ouvrage sans traiter à fond le grave problème qu’il ne pouvait évidem-ment qu’effleurer mais qui suffit à nous laisser fâcheusement sur une pesante impres-sion d’ennui. L’ÉTRANGE MONSIEUR STEVE (A). Film français de tt gangsters ». — CADRE -Banque privée, casino, bureaux de P. M. U. et autres lieux. Super – L’engrenage de canail-leries dans lequel un jeune employé de banque se trouve pris par la faute d’un bandit qui l’a « adopté g RÉ5ms2ITION – Bailly t ne manque pas d’adresse et d’intelligence. INTERPRÉTATION – Jeanne Moreau sans intérêt ; Philippe Lemaire : la veulerie de son rôle ; Armand Mestral crapule souriante et nonchalante très bien campée ; Lino Ventura : un « dur » brutal et grossier, très pittoresque. NOTE – Petit film sans prétention ni importance mais pas ennuyeux du tout. Psychologie des personnages assez rudi-mentaire ; comportements passablement arbi-traires parmoments mais l’intérêt est soutenu, les « suspenses » bien ménagés; les thèmes wmvenablemem renouvelés. Après tout, ce n’est pas si négligeable… MA FEMME A DES COMPLEXES (B). Comédie américaine, en couleurs. — CADRE -Cabinet d’un psychiatre et autres lieux. Suie, – Expert à fournir à ses clientes l’expli-cation d’innombrables complexes imputables à cet être notoirement balourd, nocif et incompréhensif : le mari, un psychanaliste éprouve bien de la peine à débrouiller ses Couple piquant lui, Tong Randall, farfelu tir le divan de dissection du psychanaliste ; lle, Barbara Rush, piaffante, trepinnante, inconsciente… (Ma femme a des cm, plexes.) Yeux plus clairs qu’agas-marines, bouche en tirelire, charme acidulé de Marie-Chantal anglaise BPI Hale ! Lee meilleure création d’Un yacht nommé Tortue, son premier film. Romantisme très cinéma fumigène et projecteur embusqué e bars champ ! Jean« Moreau y guette ses complies prés du hors-bord qui va assurer leur féale. (L’étrange M. Steve.) Cary Cooper médite d’échanger contre une rosse de bonne urine la jument mal Initie mais imbat-table k la course que Alarjarie Main se convulse à essayer de retenir. (La loi du Seigneur.) propres affaires de cceur. RÉALISATION – Nunnally Johnson : insignifiance conster-nante. INTEa.ÉTATION – Dan Dailey, (lingers Rogers : courageux dans des rôles impossibles ; Barbara Rush-Randall : excel-lents ! David Niven consciencieux comme toujours. Nome – Pièce filmée, étouffant dans trois décors et succombant sous le poids d’un bavardage intolérable. S’il n’y avait pas quelques scènes où un semblant d’humour galvanise soudain l’indifférence du spectateur, ce serait à y renoncer ! Notons que ces heureux passages doivent beaucoup (sinon tout) à la silhouette d’un pittoresque imprévu et mordant de Randall, d’une justesse d’accent corrosive en amoureux dérangé du cerveau. A signaler aussi la gentillesse piaffante et trépignante de la fougueuse Barbara Rush. UN YACHT NOMMÉ « TORTUE » (B). Comédie humoristique anglaise, en couleurs. — CADRE – Un yacht à bout de souffle. Scier- Hardie croisière menant d’Angleterre en France et retour une demi-poignée de marins du Dimanche à et de femmes qui n’en peuvent mai,. RÉALISATION – Wendy Tope : ne casse vraiment rien. INTERPRÉ-TATION – Équipe moyenne Gregson, Parker, Mitchell, June Thorburn, etc. A signaler la jeune Elvi Hale, dont le piquant acidulé est charmant dans un rôle à la Marie-Chantal. NOTE. – Action languissante. Intrigue inconsistante. Ilumour rare et laborieux. Beaucoup de bla-bla-bla, de fatras, d’invraisemblance, notamment sous le rap-port du dénouement. De vagues réminis-cences de Geneviève, avec cette sorte de compé-titio entre deux bateaux (au lieu de voitures) et cette pauvre petite jeune mariée obligée de saccager sa lune de miel pour complaire aux goûts sataniques de son époux pour la navigation à bord de vieilles bailles faisant eau de toutes parts. Ç’aurait pu être très drôle et ce l’est vraiment peu. L’humour anglais nous avait habitués à mieux… (A) Adultes seulement. (B) Toutes personnes. (•) Chez Stock. 59