LA FOIRE DES ANTIQUAIRES DEPUIS longtemps, déjà, les antiquaires anglais avaient eu l’idée de réunir tous les ans, dans un local, un ensemble important d’objets d’art que se disputait une clientèle nombreuse venant de tous pays. Ils reprenaient ainsi la tradition séculaire des Foires qui, en France, avait eu une grande vogue jusqu’au xvme siècle. Devant l’heureux succès remporté par leurs col-lègues britanniques, d’autres associations d’anti-quaires tentèrent, à leur tour, une semblable expérience et partout ce fut une réussite totale, que ce soit à Delft, à Bruxelles, à New-York, à Munich ou à Milan. Partout la clientèle affluait; les visiteurs, séduits et amusés, découvraient l’objet de leurs rêves et se hâtaient de l’emporter, craignant la concurrence d’autres amateurs éventuels. Si les foires des antiquaires obtenaient un tel succès dans de nombreux pays, pourquoi en France ne faisait-on rien ? A cela, deux raisons : Depuis fort longtemps, le syndicat que j’ai l’hon-neur de présider s’était occupé de cette question et l’avait étudiée. Mais les antiquaires — comme beaucoup de Français — sont très individualistes et, de ce fait, peu enclins à prendre part à une manifestation collective. En effet, nous avions fait des sondages auprès de nombreux confrères et avions rencontré, dans la plupart des cas, une adhésion peu enthousiaste, quand ce n’était pas un refus formel. Malgré les arguments qui plaidaient en faveur d’une telle création, beaucoup s’obsti-naient à nier l’intérêt d’un groupement de vendeurs réunis dans un même local. La deuxième raison — qui fut l’obstacle le plus important — était l’impossibilité de trouver, à Paris, une salle suffisamment vaste pour être le cadre de la manifestation projetée. PLAISIR os FRANCE La Nuit de l’Art et de l’Élégance. C’est pourquoi, lorsque M. Tony Bouilhet m’appela au téléphone, au mois de juillet 1956, pour me convoquer à une réunion préparatoire de la Foire de Paris et me dire son désir de nous y voir participer, j’en éprouvai une grande joie : enfin, le rêve que nous caressions depuis si longtemps allait devenir une réalité. Bientôt fut créé le Comité de la Foire des Anti-quaires, sous la présidence de M. Willy Rémon, formé par une équipe pleine de dynamisme, d’enthou-siasme, qui sut d’abord convaincre les hésitants, ensuite organiser, préparer et tout prévoir pour obtenir ce que nous avons présenté au public : la Foire des Antiquaires. Déjà, nous pouvons dire que le but recherché est atteint : c’est une parfaite réussite, tant pour la présentation que pour le résultat obtenu, et les sceptiques de naguère regrettent amèrement leur abstention. Mais ce n’est pas à moi de le souligner : la presse, unanime par ses articles élogieux, s’en est chargée, et le succès de la Nuit de l’Art et de l’Élégance en fut le meilleur témoignage. C’est pourquoi il m’est très agréable de féliciter tous ceux qui ont participé à notre entreprise et à son organisation, et de remercier bien vivement le Comité de la Foire de Paris, M. Tony Bouilhet et ses collaborateurs, de leur appui, de leur parfaite compréhension et de leur grande courtoisie. Les portes de la première Foire des Antiquaires se sont fermées sur un succès, gage d’un avenir que nous pouvons envisager avec confiance. Les enseignements recueillis après cette première ten-tative nous permettront d’arriver à une parfaite réussite, digne du passé de notre association et digne de Paris. PIERRE VANDERMEERSCH, Président du Syndicat National des Antiquaires.