GRANDES VENTES PAR RAY MO NIMi Le prince Aly Khan et Mrs. Margaret Thompson Biddle vedettes des ventes aux enchères en mai et juin. DOM( une fois l’anonymat qui accompagne presque toujours les ventes aux enchères françaises a été abandonné. Les marquises de X… et les barons de Y… ont disparu pour faire place à deux person-nalités qui, l’une dans le monde des Arts et des Sports, l’autre dans celui des Arts et de la Bienfaisance, restent des vedettes de l’actualité S. A. le prince Aly Khan et Mrs. Margaret Thompson Biddle. Gauguin a Nature morte au, :main. La vente de ta collection des cinquante-deux tableaux modernes du prince à la Galerie Charpentier le 23 mai (Mo Ader et Rheims) a largement défrayé la chronique parisienne. On s’est demandé pourquoi celui-ci se défaisait des douze aquarelles, deux tableaux dt autant de dessins de son ami Raoul Dufy, es gouaches et peintures sPUtrillo, du portrait de Degas par lui-moine, ayant appar-tenu à Mlle l’evre, des six toiles de Vla-minck, etc. Le réponse aurait pu être celle-ci momentanément kr chenaux de Dufy nourriront les enfants de Rosa Bonheur. Rosa Bonheur est le nom d’une pouliche de l’écurie du prince qui devait gagner le Grand Prix de Deauville, et c’est en effet pour garder ses chevaux qu’Aly Khan a vendu ses tableaux. Il ne faut pas conclure pour cela qu’il abandonne pour toujours la peinture. Mrs. Margaret Thompson Biddle vivra long-temps dans le souvenir de ceux qui l’ont connue et de ceux qu’elle aide et aidera encore à subsister, »grâce à la fondation chari-table newyorkaise qui ,’porte ‘son ninn. Mrs. Alargaret Thompson Biddle est morte subitement le 8 juin 1946 en F22122, Où elle vivait depuis la dernière guerre. Elle a légué sa collection de peintures à l’ouvre américaine qu’elle a créée ; c’est-à-dire que, selon sa volonté, file Rheims a été chargé de vendre cet ensemble prestigieux qui ne comprend pas moins de trois Gauguin, huit Renoir, trois Claude Monet, trois Van Douze’, et des oeuvres de contemporains Banchant, Carzou, l’amine Mollet, Lorjou. Les sommes obtenues partiront outre-Atlantique, mais une partie reviendra en France, car cette Fondation, établie à New-York par une Amé-rkgine, est internationale dans ses buts; elle répartit les capitaux dont elle dispose entre plusieurs œuvres charitables créées dans différents pays, dont le nôtre. Les quarante-cinq tableaux mis aux enchères le 14 juin ornaient les diverses résidences de Mes. Biddle en France de la rue Las Cases, la villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat et la maison de Fontainebleau ; ils attein-dront des prix spectaculaires. En regardant la N’azure morte mai pommes de GallgIli11, clou de la collection, ne songe-t-on pas à la nature morte de Cézanne de la vente Cognacq représentant treize pommes et deux biscuits, adjugée en mai ipi a, en cette mème Galerie Charpentier, 33 millions à M. Jean Walter, second mari de Mm° Paul Guillaume ? En comparant les deux œuvres, on pense à cette phrase de Gauguin Hl m’a pris ma pente sensation et lui a fait faire le tour du monder. La collection comprend deux autres Gauguin, un Paysage il l’arbre rose exécutés Pont-Aven, et une nature morte de fruits, plus petite. Renoir, l’artiste préféré, est représenté par huit tableaux peints à Alger, ais village d’Essoyes, en Avignon et à Cagnes. La Mosquée à Alger, datée de 188a, est un des plus beaux. Cetteannée-là Renoir, qui avait contracté une pneumonie en février à Victor I kg, Vieil 01,uten de proie songeaa, s-’11 tJ;,i a Ir ao4 l’Estaque, partit pour l’Algérie, où il séjourna de mars à avril. Il s’y rétablit. Il écrivait alors à Dmand-Ruel e Je resterai encore nn mois. Je neceux pas quitter Alger sans rapporter quelque chose de ce merreilletoc pays. La toile de la collection Biddle fait partie de ce a quelque chose a. Durand-Ruel devait l’acheter le 21 avril 1891 à M. Clapisson, mari de la charmante femme dont Renoir fit plusieurs fois le portrait ; en décembre 1898, elle passait dans la collection d’Alice Maxwell, et était achetée ensuite par la Galerie Wildenstein. Ce magnifique tableau est reproduit en couleurs dans le catalogue de la vente, comme aussi la Xatime morte aux pommer, de Gauguin, et un très beau paysage de Monet, Vue d’Antibes. Il y a bien d’autres œuvres dans cet ensemble dont chaque toile mérite une mention ; n’oublions pas deux Boudin e à crinolines anis à Trouville en 1 864 (on s’arrache les crinolines), un Matisse, la Femme en vert, un Vuillard et un Corot peints à Fontainebleau l’un et l’autre, un Friesz, un Vlaminck, etc. Une grande vente, une très grande vente (MM. Durand-Ruel et Dauberville, experts). Quatrième vente de le Bibliothèque du docteur Lucien Graux manuscrits de Rimbaud, Verlaine, Vigny, Mallarmé, Flaubert. Dessins de Victor Hugo. 4 juin. La richesse inouïe de la bibliothèque du docteur Lucien Graux a nécessité une quatrième vente. Celle-ci aura heu à la Galerie Charpentier le 4 juin (Me Rheims, AR »r Vidal-Mégret, expert). L’intérêt desmanuscrits présentés est tel qu’il suffit de les énumérer manuscrit des vingt-neuf 120211122 en prose des Illuminations de Rimbaud, manuscrit des Croquis de Bel-gigue de Verlaine (où celui-ci relate son entrevue avec Victor Hugo et dit a il est beau ». Avouons que Verlaine avait été flatté, l’exilé de Guernesey lui ayantrécité quelques-uns des poèmes saturniens). Le rnaniiscrit des Poèmes saturniens passe égale-ment en vente le 4 juin ainsi que celui de