tables, ce Grigoris met constamment son autorité sacerdotale, donc celle de l’Église qu’il représente, au service des intérêts matériels les plus sordides, à la défense des fortunes, des privilèges, du statu quo! Dans cette farouche défense… indéfendable, rien ne l’arréte il frappe, menace, cajole, intimide, brise, excommunie même ceux qui veulent secourir ses victimes ! La mort par inanition d’une enfant le laisse insensible ! C’est dans le sang qu’il noiera une jacquerie provoquée par ses rigueurs ! C’est au chantage qu’il abaissera sa robe pour se faire livrer par les Turcs le meneur de cette jacquerie ! Après quoi, il fera massacrer celui-ci sous ses yeux, sur le pavement de sa propre église… A mon sens, les outrances mêmes de ce caractère le condamnent. Certes, les Églises, toutes les Églises ont leurs brebis galeuses mais celle-ci ne sonne pasvrai ! C’est une abstraction, un facteur de démonstration suffisant à lui seul à éclairer tout le problème. Au regard de cette affreuse figure, celle du touchant et évangélique pope Fotis tente heureusement de rétablir un juste équilibre. Le moins que l’on puisse dire sur les ten-dances de ce film est qu’il est peu opportun une époque où tant de susceptibilités sont éveillées dans le monde entier. Cl Chez Plon. (A) Toutes personnes. M. L. ENTRETIEN AVEC NIKOS KAZANTZAKI, AUTEUR DU ROMAN « LE CHRIST RECRUCIFIÉ » BEST-SELLER aux États-Unis avec « Alexis Zorba », en Angleterre avec « Le Christ recrucifié », méconnu dans son pays, la Grèce, où il fait encore figure de poète isolé, Nikos Kazantzaki habite au bout de la vieille ville d’Antibes une de ces rues dont les maisons tassées simulent des murs de cave, où le décor essaie d’être sombre ; mais il suffit d’entrer, de monter jusqu’au premier étage pour découvrir une place et le vaste palier de la mer que borne la végétation. Travaillez, et les journées seront courtes. « Dès le lever du soleil jusqu’à son coucher, je travaille. Je suis une horloge solaire sans soleil je me tais. Toute la nuit je dors. » Mais le sommeil aussi complète l’oeuvre. Il aide à traverser le mystérieux territoire des desseins cachés, révèle d’inimaginables vérités. « Les rêves et les voyages ont beaucoup plus aidé mon oeuvre que les livres ; l’intuition et l’inconscient, beau-coup plus que la raison et le conscient. » Peu de livres dans les casiers, sauf des livres d’art et ce qu’il y a de plus pur, de plus essentiel dans toutes les littératures des textes de vérité. Cet homme qui a parcouru le monde sort rarement ; d’ailleurs, quand il voyageait, il n’avait qu’un but : retrouver la terre dans sa pureté primitive, sonder la nature humaine et, à travers toutes les cultures et les dialectes, cueillir ces phrases comprimées qui peuvent seules exprimer la véritable essence des choses. Mêlé, il y a quelques années, à la vie politique de son pays, il ne se sent plus aucune envie de recom-mencer, et c’est un fameux poids de moins. « Tout ce que j’ai vécu pendant cette courte intervention dans la vie politique était décevant. Tout effort que faisait le Bien trouvait, dressées devant lui, les puissances du Mal. Elles étaient là, les forces, qui guettaient. Le combat continue, en Grèce comme partout ailleurs, je crois. La liberté n’a pas encore donné ses fruits, mais elle les donnera. Grièvement blessé, éclaboussé de sang, quelquefois même éclaboussé de boue, le Bien triomphe. » Mais l’imagination de l’écrivain est une porte toujours mal fermée ; d’où le ton souvent prophétique de son œuvre, avec toutes les misères du temps dénoncées, mais néanmoins abordées avec une grande humilité sous le regard de l’expérience, qui, donnant du champ, dissipe les étouffements et les désespoirs. « Aujourd’hui, un écrivain, s’il est vraiment vivant, est un homme qui souffre et s’inquiète en voyant la réalité, il se voit entraîné à collaborer avec toutes les puissances de la lumière qui survivent encore pour faire avancer un peu la lourde destinée de l’homme ; l’écrivain d’aujourd’hui, s’il reste fidèle à sa mission, est un combattant. » De tels projets ne peuvent être menés à bien qu’en jetant du lest. Se resserrer autour de son oeuvre, et pour le reste, laisser faire, se retirer complètement de soi : « Je ne vois presque personne et je ne sens pas le besoin de rencontrer des gens ; je suis heureux lorsque je me trouve seul avec ma femme ; mais si quelqu’un vient, mon coeur s’épanouit, le contact humain me donne toujours une vive émotion ; je parle peu à mon visiteur, je ris beaucoup, j’écoute avec un vif intérêt, une amitié soudaine, le propos de mon hôte. » De là cette grande oeuvre romanesque, commencée tardivement mais menée depuis avec une assurance raisonnée, une volonté d’aller au but. Ce dessein ne le quitte plus. Il y a deux ans, trituré par la maladie, l’écrivain ne put empêcher son oeuvre de l’assister, il l’a sentie alors hors de lui, comme un appel. C’est ainsi que fut écrit, d’un seul jet, son récit « le Pauvre d’Assise », qui vient de paraître chez Plon. « Je sentis le besoin de détourner mon esprit de la mort et de le fixer sur un athlète mystique qui avait vaincu la mort. J’ai cru voir dans le délire saint François s’approcher de mon lit et se pencher en souriant. Je ressentis une reconnaissance profonde envers cette ombre qui est accourue vers moi sans que je susse que je l’avais appelée dans ma fièvre ; aussitôt remis un peu de ma maladie, je m’empressai de dicter à ma femme la lutte sans merci et la grande victoire du Poverello ; je voulais le remercier d’être accouru à mon secours. » Ainsi vit cet écrivain, lu dans le monde entier, mais qui n’écrit qu’en se laissant guider par le génie de sa race ; ce chrétien qui veut prêcher un christianisme plus pur, exempt de toutes les tares qui le défigurent ; ce grand romancier, dont la vision est aussi large que celle de Tolstoï, mais qui passa la plus grande partie de sa vie à écrire une odyssée de 33.333 vers et à traduire la « Divine Comédie ». Ainsi toutes les contradictions se résolvent dans une vie généreuse, qui s’est toujours dépensée sans chipotages. PIERRE SIPRIOT. »lista Mtrailli, la Grecque aux-draw, d’eu-s+ au charme lascif, guettant l’avril ielarable du dessin frappatel Celui qui doit mourir. al