Pratiquement A L’A ÉRICAINE = A: soucier du lendemain., les Américains assurent leur confort en répondant aux besoins du moment. 0jRienne les étonne plus que nos prévoyances. Si le couple français pense à ses enfants, il y pense surtout pour l’avenir, et ce devenir des siens ne lui sort guère de l’esprit lorsqu’il acquiert, construit ou plante. Le couple américain se soucie de sa progéniture presque uniquement dans le présent. Cette manière de concevoir l’existence se traduit en particulier par la grande place accordée aux chambres d’enfants. Du fait que l’Amérique est un continent, il résulte aussi des déplacements d’habitation fréquents d’un État à l’autre et la dispersion de la famille dès la seconde génération. Comment aller déjeuner le dimanche chez des grands-parents qui habitent à 2.000 kilomètres et plus ? Comment même y passer des vacances ? L’Américain ainsi transplanté ne s’attache pas à de traditionnels souvenirs de famille. La maison est à ses yeux un outil à vivre, comme l’automobile est un engin à circuler. Chaque découverte, chaque améliora-tion au chapitre du logis est aussitôt, la publicité aidant, adoptée par le plus grand nombre. La maison nouvelle, telle qu’on peut la voir dans les banlieues des grandes villes, ne comporte qu’un rex-de-chaussée et elle est pourvue de tous les aménagements qui de plpied Act.us Mus tard, dites ménaères. Monter un escalier, permettent de suppléer à l’absence de domestiques, car même la femme de ménage est un luxe. Américains et Américaines sont courageux. Ils se lèvent tôt, se partagent les corvées, soignent leur jardin avec amour ; lui, la pelouse ; elle, les fleurs. Ils n’ont pas de jardinier, même pour établir un jardin de rocaille ; et chacun est capable de réparer sa plomberie, son instal-lation électrique, ses meubles. Car ils sont abondamment pourvus de manuels qui, pour toutes choses, leur disent : « Do it yourself. » Faites-le vous-même. Ainsi chaque maison comprend un sous-sol aménagé avec tout l’outil-lage nécessaire pour l’entretien de l’habitation. De la Nouvelle-Orléans à San Francisco et de Dallas à Boston, les idées des Américains, leurs manières de vivre, de se meubler, de traiter leurs amis, tout semble pareil au visiteur. On constate avec curiosité que l’Amérique entière vit derrière des stores vénitiens perpétuellement baissés. En revanche, les pelouses s’étendent à perte de vue dans des contrées où les maisons ont été apportées démontées sur des camions et remises à leurs habitants quarante-huit heures plus tard, clés en main. Ces pelouses ne comportent, d’un propriétaire à l’autre, aucune barrière, aucune haie. L’Américain vit au grand jour dans son jardin et à huis clos dans sa maison. Agir autre-ment serait « inaméricain », reproche le plus grave qui puisse être infligé à un citoyen de cc libre pays. CLAUDE-Somr. 37