Trois manièrrc dr VIVRE A LA CAMPAGNE Simplement, à la française. Pra t i qa eln en t, is l’américaine. Confortablement, à l’anglaise. 32 passant ou l’homme côtoyé au hasard des rencontres mondaines ou professionnelles reste un anonyme tant qu’on ne l’a pas vu chez lui. Ni son physique ni l’allure qu’il se donne ne révèlent une vie intérieure, des goûts, des aspirations aussi profondément que le fait sa maison ; car celle-ci est à la mesure de l’existence qu’il s’impose et de l’intimité à laquelle il aspire elle est au carrefour de l’osten-tatoire et du secret ; elle est, en quelque sorte, un aveu. « Dis-moi comment tu te loges et je te dirai qui tu es… » Pour les uns, la maison de campagne doit avant tout assurer un contact direct avec la nature ; pour d’autres, elle n’est que nécessité de santé, instrument de vacances essentiellement approprié à son but et conçu afin d’éviter tout geste fastidieux ; pour d’autres encore, elle ne diffère des confortables maisons urbaines que par le décor de verdure qu’encadrent les fenêtres. Les trois habitations présentées dans les pages qui suivent correspondent à ces trois conceptions. La première est d’origine paysanne construite pour la vie des champs, dans une très classique campagne de l’Ile-de-France, elle est en quelque sorte un produit du pays les pierres de ses murs et les dalles de son sol sont issues des carrières voisines ; les poutres de sa charpente ne peuvent provenir que de la forêt la plus proche… Cette demeure se prête bien à un contact étroit avec la nature, tel que l’ont souhaité ses propriétaires actuels ; et le confort dont elle est maintenant dotée s’accom-mode fort bien de la simplicité. La seconde est bâtie aux États-Unis, mais, à quelques détails près, pourrait aussi bien faire le bonheur d’un couple français ayant pour seuls objectifs d’offrir à ses enfants de saines vacances et de profiter de toutes les trouvailles de la technique du moment. Dans quelques années, la construction et l’automatisme ayant fait de nouveaux progrès, la maison américaine sera démodée et remplacée ; il ne faut donc point s’y attacher : elle n’a pas de passé et West point conçue pour l’avenir. C’est une étape. La troisième, enfin, ne tient compte ni des servitudes de la campagne ni des bienfaits ou des dangers du soleil. C’est un hôtel particulier transporté loin de la ville et qui ne sacrifie à la vie au grand air ni tentures, ni tapis, ni meubles délicats. Le décor intérieur ne s’efface pas devant celui de la nature : il se suffit à lui-même. L’intimité y est apportée, à la manière anglaise, par le raffinement des détails, et le confort par une volonté d’éviter tout contact avec des murs et un sol nus. A ces trois exemples on pourrait en ajouter bien d’autres, car il y a cent manières de vivre à la campagne. Il. B.