LIV R E .S PAR YVES GA :A .0 0 N’ Notre collaborateur, Yves Gardon, dont nos lecteurs â’een’êttleKgideen’t tlenl’aeoeléiedeVe:rtr littéraire, Nous sommes heureux de l’hommage rendu a cet fr,e’e »,„:.■7e’C,7ymeeeru tle la Critique TEMPO DI ROMA ou l’enchantement de Rome. Tous ceux qui aiment que ce soit pour son passé, pour ses carsots d’art, ses paysages ou simplement scs habitants et leur mode de vie, prendront, je le leur promets, le plus vif plaisir à lire sans désemparer le Tempo di Roma (Robert Laffont, édit.) d’Alexis Curvers. C’est le livre d’un artiste, d’un esthéticien ennemi de tout didactisme ; c’est aussi celui d’un poète, d’un rêveur nonchalant dont la sensibilité a pour jamais reçu l’empreinte de Rome et qui, entre la place de Fiasedra et la porte del Populo, la place de Venise et le château Saint-Ange, a trouvé tous les éléments du bonheur. Le héros, un certain Jimmy, originaire d’un pays du Nord, échoue à Milan, après les secousses de la guerre, et la vie italienne lui paraît la plus douce du monde. Il se rend à Rome sur le siège arrière d’un scooter ; le voyage l’éblouit, mais le voilà dans la Ville Eternelle, s une lire en poche. Comment va-t-il suans bsister ? Grâce à un Anglais fantaisiste et désœuvré, Sir Craven, il entre dans un garage et sert bientôt de guide aux étrangers dans une ville qu’il doit lui-même apprendre à connaître. Et le miracle romain opère. Le livre a bonde en ues d’une finesse et d’une pertinence admirables voyez, page 194, ce que dit Curvers du goût des Italiens pour le spectacle, soit qu’ils y assistent, soit qu’ils le donnent eux-mémes ; page 112, les considérations sur le style vertical ; telle définition, page 179, des personnes qualifiées de personnalités Des gens qui ont abdiqué toute personnalité au profit de leur personnage et qui, par conséquent, pour prix de leur sacrifice, ont obtenu la puissance. tt Et ce roman, qui suit des chemins capricieux, contient aussi les portraits aigus de l’étonnant Sir Craven, dont le secret ne nous est révélé qu’a la fin du livre, de la marquise Sala, postérité bien déchue de la Sanseverina, du vavaliere Orfeo de Pia, la servante de restaurant et de sa fille, la délicieuse Ger°, nima, d’Ambrucci, de Mer Guadalcanœ, de vingt autres, que Rome brasse dans u maelstrom à la fois grandiose et cocasse. Iln semble qu’Alexis Curvers ait pris à son compte cette réflexion de Stendhal, placée en tete des Promenades dans Rome « L’auteur de cet itinéraire a un grand désavantage rien, ou presque rien, ne lui semble valoir la peine qu’on en parle avec gravité. D’où l’agrément extrême de ce Tempo di Roma, écrit d’une plume élégante et raffinée. LE RIDEAU DE SABLE bovarysme tropical. Geneviève Gennari, auteur des Cousines Muller et de J’éveillerai fausse, publie, avec le Rideau de sable (Pieyre Horay, édit.), un nouveau livre quiaugmentera encore l’estime où le public averti tient déjà cette jeune romancière. C’est le drame de la solitude, de l’ennui, de l’angoisse qui étreint une femme encore jeune, mariée à un homme estimable, mais beaucoup plus âgé qu’elle, lorsqu’elle découvre l’échec possible de sa vie. Le sujet est de tous les temps et de tous les pays. Geneviève Gennari, en situant son action dans un état apparemment imaginaire, au voisinage de l’Égypte et de la Libye, lui a conféré un accent singulièrement original. Ne lui dissimulons pas qu’elle jouait la difficulté par cette indétermination dans l’espace réel, qui fait tout de suite craindre les facilites de l’opérette. Elle a surmonté le danger en dessinant d’un trait ferme son fond de toile et en y écrasant des couleurs crues. Nous vivons réellement avec l’héroïne du livre, Aliette Aliscamp, nous comprenons sa crise de bovarysme tropical, soir qu’elle discute avec l’étrange docteur Wanderi, conservateur des antiquités de Xygma, capitale du pays, soit qu’en compagnie du médecin noir, Liber, elle se rende à travers le désert, jusque dans l’étouffante région d’Assan-Traher. Archéologue, elle est restée à Xygma, au départ de son mari. En réalité, elle veut surtout s’éprouver et, l’expérience, pour un peu, lui serait fatale. Elle échappe de justesse à Liber, qui la désire, et le retour de son mari la sauve à point nommé. Cet ouvrage solide, coloré, d’une écriture rausclée, et dont certains éléments constitutifs ppellent un peu la manière de Pierre Benoit, a pour mérite supplémentaire d’asso-cier à l’étude psychologique la vivante description d’un milieu qui réagit sur les personnages en déformant leur vision des choses. Voilà pourquoi le talent assuré de Geneviève Gennari inspire la plus sympa-thique confiance. SOCRATE ET LA CONSCIENCE DE L’HOMME éclaircissement du mythe. Dans rinteressœtc collection des è Maure.spirituels 7, qui comprend déjà notamment un Ma home’, un Saint-Paul, un Bouddha et un Moise, Mine Micheline Sauvage donne un Sourate (Edit. du Seuil) qui mérite plus que de la considération. Il se compose, comme les volumes précédents, d’une partie biographique et critique, puis d’une partie anthologique et documentaire. De la vie de Socrate, ntius savons peu de chose, cequi permet à Micheline Sauvage de déclarer, non sans humour, que «se mort est à peu près le seul fait de son existence qu’on ne lui ait jamais sérieusement disputé JJ. Peu importe, d’ailleurs fait,lle observer Le vrai Socrate, c’est le Socrate quotidien. Or Socrate, Athénien casanier, répondit un jour que sa patrie était toute la terre tt. Cela veut dire que sonmessage purement oral, puisqu’il n’a laissé aucune ligne de sa main, s’adresse à tous les hommes. Aussi bien l’avertissement qu’il avait reçu à Delphes : Connais-toi toi-même st, rejoint il ce Ji quelque chose de divin n dont parlait Platon. Il serait vain de vouloir résumer en vingt lignes une matière aussi dense que celle de ce petit livre. Il y a un mythe socratique. Micheline Sauvage le cerne avec une parfaite lucidité. Le Socrate d’Aristo-phane est assez différent de celui de Xéno-phon, plus encore de celui de Platon, et Aristote, sans lui, n’était pasconcevable. L’admirable, c’est qu’aujourd’hui encore il personnifie la è conscience de l’homme Ji. RECENSEMENT DE L’AMOUR A PARIS du « fox-trot » au « rock and roll ». A sa publication en 1922, CC petit livre plein de grâce, de finesse et d’une cigalanteriœ de bon aloi, valut tout de suite à son auteur, Gérard Bauer, des suffrages mérités. On se plaisait à y reconnaitre une vue lucide et sans âcreté de la perspective sentimentale du temps. On louait l’élégante désinvolture de l’auteur et son aimal>le dilettantisme, qui ne l’empêchait pas de voir clair. On n’en était pas encore aux lourdes sornettes du rapport Kinsey, et un écrivain psycho-logue en apprenait plus en deux cents pages qu’un savant docteur bardé de fiches et de documents douteux. La réimpression du Ra-men/ad est aujour-d’hui accompagnée d’une préface et d’une postface. Dans la première, Gérard Bauer rend un touchant hommage à Paul Bourget, dont la Physiologie de l’amour imederve, injus-tement oubliée, reste un chef-d’œuvre du genre. Dans la seconde, ses considérations sot l’amour en 1956 mettent fort à propos l’accent sur l’affranchissement de la femme, devenue, presque dans tous les domaines, l’égale de l’homme. Il a bien trop de tact pour en tirer des conclusions. Si vous voulez savoir ce qu’était l’amour à Paris entre 1910 et 1922, lisez donc le livre de Gérard Bauer. Vous y apprendrez beaucoup de choses piquantes, et aussi que l’entre-deux-guerres marqua un tournant décisif dans l’évolution des rapports entre hommes et femmes de France. Il ne vous restera plus qu’a comparer l’époque du fox-trot à celle du rock and roll. (Édit. Ventadour). IMAGES DE LA VIE ET DE L’CEUVRE DE PASTEUR une émouvante iconographie. On nesaurait trop remercier le professeur Pasteur Vallery-Radot d’avoir réuni ces Images de la vie et de rami, de Pasteur (Flam-marion, édit.). Annoncées par un sobre texte de présentation, elles permettent de suivre pas à pas l’illustre savant, depuis son temps d’écolier jurassien jusqu’à celui de la gloire unierselle. Sa vie familiale est intimement liée,v dans cet ensemble de photographies, à sa vie de chercheur, l’une soutenant l’autre. Ce Français hors série fut aussi un Français exemplaire, profondément attaché à sa famille et à sa patrie. C’est ainsi qu’après la guerre de 187o il avait en face de lui, dans son bureau, une gravure représentant l’Alsace annexée. Précieux livre, qu’on aime-rait voir dans toutes les écoles. Y. G. 53