C’est dans le moule classique de l’alexandrin qu’Alain Bosquet, en composant son Premier Testament (Gallimard, édit.), a coulé l’ardent bouillonnement de ses pensées : bel exemple chez un poète de liberté disciplinée. C’est à lui qu’a été décerné, le 3 avril, le prix Sainte-Beuve de poésie, celui du roman allant à Curvers pour Tempo di Roma (Lagons) et celui de l’essai à E.-M. Cioran pour Tentation d’exister. (Gallimard, édit.). Voici un fragment de Premier Testament. PREMIER TESTAMENT l’N POEME D’ALAIN BOSQUET (Extrait) Souvenirs, souvenirs, d ma mémoire en loques, J’ai moins de souvenirs que l’enfant le plus nu. J’ai joué à surprendre un esprit qui suffoque De m’avoir, malgré ha, mille fois combattu. Un peintre qu’on salue, un jardin lui s’envole, Un garçon de six ans qui ami mordre le ciel, Un livre puéril qui retourne à l’école, Un poème nourri de mots artificiels, Une pomme rongée par ne soleil avare, Un désespoir ancien qu’on tue dans un taxi, Un paysage déchiré que l’on répare, Un horizon debout, un sycomore assis, Une épaule mouillée par l’épaule d’un fleuve, Un ail au fond d’un ail pour mieux se regarder, Une oreille de femme où l’océan s’abreuve, Un visage naissant, mais déjà décédé, Un train qui ne vent pas s’arrêter dans les gares, Une fie débauchée qui change d’archipel, Un navire en détresse s il danse autour d’un phare, Un cormoran qui comparait en cou » d’appel, Une comète qui admet » J’ai fait faillite », Un étang que secoue une crise de nerfs, Un couloir d’hdpital oti le docteur hésite Une montagne est morte opérée du cancer ! Un chapitre d’anion’, un manuel da rêve, Un azur imprimé par de faux-monnayeurs, Une rose qui dit e Nous ferons ions la grève, Voici vingt ans qu’on nous promet des feues meilleurs » : Ces débris, ces fragments, je te les énumère, Ma mémoire trompée, qui te tient à l’ mît. Je ne veux pas parler, je ne peux plus nie taire, Ni séparer ce qui sera de te psi fut. 62