le pouvons sans renoncer à contempler les toiles de quelques-uns de nos meilleurs peintres. Avec Caillard et son admirable Noël de paysagiste, nous suivrons entre les arbres de vagues formes humaines qu’attire le mystère du dernier plan. Calmette nous offrira sa Vierge à l’Enfant, toute de lumière et de lignes sombres comme un vitrail ; Pierre Petit, sa Nativité tragique et profondément théologique, où l’Incarnation appelle déjà la Rédemption dans son éternelle actualité. Nous nous interrogerons quelque peu devant l’Adoration des bergers, dépouillée, stylisée jusqu’aux confins de la caricature, de ce grand simplificateur des formes qu’est Humblot. Et Goerg, que l’on dit avoir surpassé tous les autres, nous montrera en effet comment un grand artiste sait rester pleinement lui-même en traitant, avec la plus entière docilité envers la tradition, le thème le plus éloigné de ce qui fut son rêve coutumier. Il y en aurait bien d’autres. Bornons-nous cependant. Si, pour finir, nous voulons sourire, mais d’un sourire familier et grave tout ensemble, comme il savait l’être en ces temps du moyen âge où l’on vivait de plain-pied avec la foi, allons voir Sébastien. Négligeant la couronne et l’encens des mages, le beau visage de son Enfant-Jésus contemple une humble fleur tendue par des mains paysannes. Est-ce pour souligner ce choix qu’un doigt de la Vierge-Mère tente de lui faire tourner la tête du côté des présents royaux ? Tout le monde ne sera pas d’accord sur cette psychologie de l’Immaculée… Mais la toile est charmante, et l’on s’explique mal l’ostracisme dont la frappa naguère un jury pourtant Jean-Marie CALMETTE. — La Vierge à l’Ealant. Eamei. 51