Il suffira alors de céder au sortilège des « analogies » et notre vision du monde se trouvera vite renouvelée de la plus prodigieuse façon, l’art se mêlant aussitôt étroitement au réel pour notre émerveillement de chaque instant. L’oreille, la vue, l’odorat tout devient permis à nos sens, à notre esprit • – ci. la tentation est grande qui va nous conduire à une sorte d’ivresse dont il faut savoir reconnaître la force… C’est ainsi que Des Esseintes combinera de subtiles « symphonies de parfums s dont s’enchantait l’esthétisme des jeunes lecteurs de Huysmans d’A rebours. Un écrivain aujourd’hui oublié, Paul-Napoléon Roinard, faisait représenter au Théâtre d’Art, vers 1891, une adaptation du Cantique des Cantiques qui s’accompagnait d’une projection de parfums, soi-gneusement choisis pour chaque scène ! Rimbaud écri-vait son sonnet des Voyelles, qui n’était pas seulement un défi lancé plus ou moins ironiquement au Bourgeois; la musique y participait aussi à sa façon, souvenez-vous 0, suprême clairon plein de strideura étranges… Après quoi Laurent Tailhade pouvait ironiser Si tu veux prenons un fiacre Vert comme un chant de hautbois! la plaisanterie ne faisait que donner plus de force 38 Il est des parfums frais comme des chaire d’enfante, Doux comme des hautbois, crus comme des prairies. BAUDELAIRE. cheveux de lin, la Cathédrale engloutie… Mais on ne s’étonnera pas de le voir citer Baudelaire Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir… a Les sons et les parfums » ! Voilà posé une fois de plus le passionnant problème des « correspon-dances » que Baudelaire, lé premier, avait déve-loppé naguère dans un inoubliable poème Les parfums, les couleurs et les sons se répondent, Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme des hautbois, verts comme des prairies. Nous compterons les mois à l’odeur des saisons, Au parium des fruits mars et des roses ouvaries. ADDA DE NOAILLES (l’Appel ).